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Le bonheur - dissertations de philosophie

  • Dépend-il de nous d'être heureux ?
  • Désirer est-ce nécessairement souffrir ?
  • Accomplir tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie ?
  • Doit-on tout faire pour être heureux ?
  • Est-il absurde de désirer l'impossible ?
  • Est-il légitime de rechercher son bonheur ?
  • Être heureux, est-ce chercher à satisfaire tous ses désirs ?
  • Faut-il avoir peur de ses désirs ?
  • Faut-il changer ses désirs ou l’ordre du monde ?
  • Faut-il choisir entre la vertu et le bonheur ?
  • Faut-il condamner l’amour de soi ?
  • Faut-il lutter contre ses désirs ?
  • Faut-il renoncer aux désirs pour être heureux ?
  • Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ?
  • Faut-il satisfaire tous ses désirs ?

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Dissertation De Philosophie: le Temps Est-Il Un Obstacle Au Bonheur ?

Par Alex0306   •  21 Avril 2015  •  3 075 Mots (13 Pages)  •  17 524 Vues

Dissertation de Philosophie

Le temp est il un obstacle au bonheur ?

D'ordinaire, il est possible de définir le temps en tant qu’obstacle au bonheur. Il existe plusieurs contraintes susceptible de contrarier l’objectif de l’humain dans sa quête du bonheur comme par exemple la peur de la mort qui impose une limite dans le temps et donc une limite dans notre existence. De plus, la réduction du désir serait peut être une solution pour atteindre cette certaine plénitude qui conduit au bonheur, cela dit la vie pourrait alors sembler sans plaisirs et donc lasse. Mais encore, l’instant présent se situe dans une forme d’éternité, et un moment de bonheur se retrouve dans l’instant présent. Le temps peut alors effectivement s’avérer être un obstacle dans la recherche du bonheur de part ces principales raisons. Cependant ce n’est pas si simple, parce que si nous fonctionnons dans le sens ou le temps se révèle être un obstacle au bonheur, le fait d’être privé du temps est une égale entrave a celui ci, comme nous le montre l’hypothèse d'éternité, il faut également prendre en compte le fait de lassitude, et nous pouvons insinuer que la valeur du moment vient du fait que je ne pourrais jamais le revivre, autrement dit, la valeur du moment ne dépend pas du temps. Nous allons donc principalement montrer comment la conscience du temps affecte l’homme. De part les éléments que nous allons développer dans cette dissertation, il serait intéressant de se demander, pouvons nous être heureux tout en projetons notre bonheur dans le temps ?

Dans une première partie nous détaillerons le temps, en tant que fardeau de l’humanité, et en second temps nous verrons l’absence de temps en tant qu’égale entrave au bonheur, et nous essayerons de voir d'autres conceptions du bonheur, comment le rendre accessible a tous, et par quels moyens.

Imaginons, vous ne possédait qu'une connaissance limité sur le sujet. Nous sommes néanmoins tous a peu prés d’accord de dire que le bonheur est subjectif. Son hypothèse, puisqu’il nous ait impossible de prouver son existence, Ces caractéristiques, ces conditions, sont propres à chaque être humain. Et pourtant, nous lui avons donnée une définition universelle, On parle alors de L’ataraxie ou la tranquillité de l’âme, mais encore de l’absence de troubles. Cela ressemble à un état calme et tranquille, durable, c’est a dire ni ponctuel, ni excessif. C’est une formule complexe en réalité, et nous allons d’autant plus la compliquer puisque dans cette première partie, il est question d’expliquer en quoi la quête du bonheur pourrait être compromise de par nôtre conscience du temps, de son impact sur notre existence. Nous ne parlons pas de la du temps d’un point de vu scientifique, on ne s’intéresse pas au temps lui même, mais bien de la façon dont nous le vivons. Le temps est un ennemi, mais pourquoi associe t-on le temps avec un bonheur inaccessible ?

Tout d’abord dans conscience du temps, il y a conscience. Chaque humain en possède une, qu'on nomme réflexive, et qui fait que nous nous posons des questions, des questions d’ordre existentielles, et du fait que nous subissons chaque jours, le poids de la condition humaine et de la, nous allons parler de la question de mortalité. La mort. Le plus grand mystère de l’humanité, et donc le plus angoissant. Tout comme le temps, nous allons ici, étudier non pas la mort en elle même mais la façon dont nous la concevons, c'est d'ailleurs celle ci don't nous avons le plus peur, c'est bien la représentation que nous nous faisons d'elle.

La vie, nous rappelle que nous sommes mortels et que nous nous rapprochons chaque jours de notre fin inévitable. Puisque nous sommes éphémère, et que donc rien ne dure éternellement, nous sommes forcés à nous regarder subir les effets du temps. Nous n'arrivons pas a retenir les choses auprès de nous. Bon d'accord, peut être que nous pouvons garder un objet pendant un certain temps, nous pouvons même, et il y a la un réel désir de marquer l'histoire de notre existence, dans les enfants par exemple, ou dans l'art. Cela dit, nous ne pouvons garder une situation, ou une personne, nous sommes obligés de nous regarder vieillir, de nous regarder mourir. La mort rend l'existence absurde, on se dit, pourquoi construire quelque chose si c'est pour qu'il soit détruit ? C'est comme si nous étions nées pour mourir, et que notre vie est vaine. Voici donc une des raisons du fait que le temps soit un obstacle au bonheur.

Toujours dans la première partie, nous allons expliquer un paradoxe qui met en relation le manque et l'ennui dans une vision pessimiste. Quand je désire ce que je n'ai pas, je suis dans le manque, et je possède quelque chose que je désire, je me lasse. Voila le plus grand défi, on altère entre la souffrance de l'ennui et la douleur du manque, si bien qu'il est difficile d'imaginer atteindre le bonheur puisque celui ci ne serait il pas un état plus permanent, plus Stable ? contrairement a la joie, ou a la gaité qui sont tout deux, d'intensité plus faible, pourtant l’homme ne l’est pas. Son existence n'est pas permanente. Comment voulez vous donc assembler deux contraires ?  De ce fait, nous essayons tous, d'échapper au poids de notre condition, donc du temps. Comment nous échapper ? De part le divertissement notamment, mais également de part la foi. Dans la vison pessimiste nous avons Pascal, « Ce n'est pas un problème de méthode, ou de comportement, quoi qu'on fasse nous ne pouvons pas être heureux. »

On parle bien de fatalité mais aussi Pascal définirait le bonheur en tant qu'une illusion. Voici une citation d’Épicure qui nous montre bien que le problème ce n'est pas le temps en lui même, mais c'est bien nous le problème, c'est nôtre vision du temps. «  Si les hommes sont malheureux, c'est de leur faute. ».

Le fait que nous cherchons a nous divertir, et donc chercher à échapper a quelque chose de précis, montre que nous ne sommes pas heureux dans notre condition. Nous cherchons donc a oublier par des occupations, comme allez au cinema, ou faire un sport quelconque, sortir avec ses amis etc...Même si au final, nous ne pouvons pas nous oublier dans nôtre propre conscience et que donc, le divertissement

Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : Le bonheur

Le bonheur, idéal ultime de la vie, est le moteur de nos actions et de nos aspirations. Il soulève des questions essentielles sur la nature du contentement, sur ce qui donne un sens à nos existences, et sur les chemins que nous empruntons pour y parvenir. La philosophie nous invite à explorer les concepts de félicité, de satisfaction, et les voies vers un bien-être profond.

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Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?

Dans un élan d’interrogation métaphysique, on questionne la nature du désir en lien avec la souffrance. Désirer, est-ce nécessairement souffrir ? Voilà une problématique qui pousse à étudier la dimension existentielle du désir, et sa fusion intrinsèque avec la douleur.

  • Dissertations
  • La conscience

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Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ?

L’interrogation « Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ? » soulève des questions complexes liées à la liberté individuelle, au rôle des institutions et à la définition même du bonheur. Cette dissertation se propose d’analyser ces aspects de manière critique.

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Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?

Au cœur de nombreux débats éthiques et philosophiques se trouve cette interrogation : avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ? Cette question brasse de vastes concepts tels que la responsabilité individuelle, l’altruisme et l’égoïsme.

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Dépend-il de nous d’être heureux ?

La question de savoir si notre bonheur dépend de nous-même peut nous conduire à réfléchir profondément dans un cadre philosophique. Cette dissertation se concentrera sur cette problématique, en analysant diverses perspectives et arguments.

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Devons-nous chercher à être heureux ?

Le bonheur, concept central, omniprésent dans nos sociétés actuelles, est-il véritablement un objectif à poursuivre ? Devons-nous réellement chercher à être heureux ? Cette dissertation vise à analyser ces questionnements d’un point de vue philosophique.

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Notre bonheur doit-il quelque chose à la chance ?

La dissertation philosophique sur le thème « Notre bonheur doit-il quelque chose à la chance ? » se penche sur la question de savoir si le bonheur est le fruit du hasard ou le résultat de nos actions et décisions.

dissertation philo bonheur et temps

Le bonheur peut-il se passer de liberté ?

La dissertation philosophique qui suit se penche sur la question complexe du lien entre bonheur et liberté. Peut-on réellement être heureux sans être libre ? Ou la liberté est-elle une condition sine qua non du bonheur ?

dissertation philo bonheur et temps

Le bonheur est-il affaire de raison ?

La question de savoir si le bonheur est une affaire de raison est l’une des interrogations les plus profondes et fascinantes de ce domaine.

La quête du bonheur est-elle vaine ?

La quête du bonheur est-elle vaine ?

La quête du bonheur est un sujet universel et intemporel qui suscite de nombreux débats. Cette dissertation explorera si cette quête est vaine, en analysant les différentes perspectives philosophiques, psychologiques et sociologiques, afin de comprendre si la poursuite du bonheur est une entreprise futile ou une nécessité humaine.

Un ours cherchant son devoir parmi les étoiles

Suffit-il de remplir ses devoirs pour être heureux ?

La dissertation philosophique qui suit explore la question de savoir si le simple fait de remplir ses devoirs est suffisant pour atteindre le bonheur. Cette interrogation nous invite à réfléchir sur la nature du bonheur et le rôle des obligations dans notre quête de satisfaction personnelle.

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Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ?

La question de savoir si une vie heureuse est nécessairement une vie de plaisirs est un sujet complexe et débattu en philosophie. Cette dissertation explorera les différentes perspectives philosophiques sur le bonheur, le plaisir et leur interrelation, afin de déterminer si le plaisir est essentiel à une vie heureuse.

L'École des Lettres – Revue pédagogique, littéraire et culturelle

Bac philo : sujets et proposition de corrigé sur le bonheur

Hans Limon

  • 15 juin 2023
  • Actualités , Actualités pédagogiques , Baccalauréat , Philosophie

Les sujets du bac philo 2023

Filière générale :

  • Le bonheur est-il affaire de raison ?
  • Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?
  • Un extrait de  La Pensée sauvage  (1962), de Claude Lévi-Strauss

Filières technologiques :

  • L’art nous apprend-il quelque chose ?
  • Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?
  • Un extrait de la  Théorie des sentiments moraux  (1759) d’Adam Smith

Proposition de corrigé : le bonheur est-il affaire de raison ?

Introduction

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«  Ignorance is bliss  », affirme Cypher, personnage du film de science-fiction  The   Matrix  (1999) préférant être réencodé dans la simulation heureuse de la matrice plutôt que de vivre lucide au beau milieu d’un « désert du réel » au ciel obscurci, dominé par l’intelligence artificielle et le machinisme totalitaire. Avec cette sentence émerge la question de la nature du bonheur : réclame-t-il une part de calcul, de maîtrise et de prévision, un effort d’honnêteté, de réflexion, une conduite morale conforme à certains principes déontologiques, ou n’est-il qu’un état de satisfaction reposant sur la puissance des désirs et faisant feu du bois de l’ignorance, de l’illusion, du matérialisme et de la sensualité ? Le bonheur, étymologiquement affaire de chance, est-il à la portée de notre libre arbitre ? Peut-on travailler à être heureux ou faut-il, au contraire, en opportuniste guettant la moindre occasion, s’y abandonner ? Plutôt que sur la raison, le bonheur ne repose-t-il pas sur la passion ? Est-il marqué du sceau de l’égoïsme ou de la moralité ? Enfin, peut-on à coup sûr se rendre heureux ? Existe-t-il une technique du bonheur ? Dans quelle mesure peut-on se rendre soi-même heureux ? Voici quelques pistes de réflexion, à rédiger et à développer.

Première partie : le bonheur, une affaire de passion ?

L’évidence première définit le bonheur comme un état durable – à distinguer de la joie éphémère – découlant de la satisfaction de tous nos désirs.

  • Calliclès, rhéteur du  Gorgias  de Platon et chantre de « la justice selon la nature », ne conçoit de bonheur que dans l’accroissement des désirs et leur satisfaction subséquente.
  • De son côté, l’utilitarisme prône une moralité basée sur le bonheur du plus grand nombre, au niveau individuel comme au niveau collectif. Ce bonheur étant garanti par un calcul félicifique contrebalançant avantages et inconvénients.
  • Étymologiquement reliée à l’idée de calcul, la raison semble quelque peu abstraite, desséchante et théorique. Plaçant la vie au-dessus de la vérité, Nietzsche n’hésite pas à vanter les vertus de l’oubli et le pouvoir de l’illusion, notamment dans sa dimension artistique. 
  • La psychanalyse freudienne décrit l’économie pulsionnelle par l’intermédiaire du principe de plaisir. Le but de tout désir est d’obtenir satisfaction. En nous confrontant aux limites, normes et interdictions en tous genres, la raison nous précipite dans l’abîme douloureux et maladif du refoulement. 
  • Enfin, que peut l’aride raison aux principes universels face au subjectivisme de fond de tout bonheur ? Quelle prise a-t-elle sur le hasard, dont la faveur et la défaveur peuvent déterminer la trajectoire d’une vie ?

Transition Un bonheur fondé sur la passion n’est-il pas un bonheur animal ? N’y a-t-il pas un bonheur spécifiquement humain dont la raison serait la condition ?

Deuxième partie : la raison au service du bonheur 

En tant qu’instrument – propre à l’homme – permettant de dissocier le vrai du faux, le bon du mauvais, le bien du mal, la raison est garante d’un bonheur sage, stable et équilibré. Il existe donc une dichotomie entre un bonheur animal, matériel, et un contentement consubstantiel à la moralité.

  • Socrate n’hésite pas à qualifier l’homme selon Calliclès de «  pluvier  », un oiseau qui mange et fiente en même temps. Le bonheur platonicien est en effet le fruit d’une tempérance et d’une harmonie entre les trois parties de l’âme : l’ epithumia  ou désir, le  thumos  ou courage, et le  noûs (également  logistikon ) ou l’intellect. Vouloir satisfaire tous ses désirs revient à tenter de remplir un tonneau percé, en l’occurrence celui des Danaïdes.
  • Le bonheur du stoïcien n’est possible que par la distinction entre ce qui dépend de lui et ce qui n’en dépend pas, autrement dit de la prévalence lucide du principe de réalité sur le principe de plaisir. 
  • Aristote fait dépendre le bonheur de la vertu, juste mesure en toute chose acquise par l’habitude, et d’une activité conforme à la raison, part divine de l’homme.
  • Dans sa  Lettre à Ménécée , Épicure, en médecin de l’âme, propose une hiérarchisation éclairée des désirs menant à l’aponie, calme du corps, et à l’ataraxie, sérénité de l’âme.
  • Dans sa correspondance avec Élisabeth, fille du roi de Bohême, Descartes distingue bonheur et béatitude : cette dernière est la conséquence de la générosité, c’est-à-dire le bon usage de notre libre arbitre. S’illusionner revient selon lui à s’étourdir «  avec du pétun  », c’est-à-dire se perdre dans les fameux « paradis artificiels » : dans un langage sartrien, celui qui s’illusionne sait bien, au fond, qu’il s’illusionne. Son bonheur est donc fragile car incessamment menacé par l’immixtion de la réalité.

Transition La raison est-elle un instrument infaillible ? Le bonheur s’offre-t-il immanquablement à tout être raisonnable et moral ? Plutôt qu’un but accessible par une conduite conforme aux prescriptions de l’intelligence et aux injonctions du devoir, le bonheur n’est-il pas un idéal de l’imagination ?

Troisième partie : les limites de la raison et le bonheur comme idéal de l’imagination 

On peut être sensé, altruiste et lucide, sans toutefois être heureux. Si elle est nécessaire au bonheur, la raison n’y suffit pas pour autant.

  • Kant opère une distinction entre doctrine de la vertu et doctrine de la prudence : agir par devoir relève de l’évidence et d’un impératif catégorique, quand se rendre heureux dépend d’impératifs hypothétiques, c’est-à-dire de conseils dont l’effet n’est jamais garanti.
  • Aristote lui-même n’hésite pas à préciser qu’un sage, même vertueux, ne peut pas être heureux si la fortune s’acharne contre lui. Comment, en effet, accéder à la béatitude si je suis enchaîné à une roue en feu qui ne cesse de tourner ?
  • D’autres moyens d’accès au bonheur sont à envisager : la sensibilité, l’intuition ou ce que Pascal, dans ses  Pensées  (1670), nomme « vérités de cœur », par opposition aux « vérités de raison ». Dieu étant l’une de ces vérités de cœur.
  • La lucidité, comme l’explique Kant, est bien souvent une cause de tristesse (d’après l’expression qui lui est consacrée, c’est l’imbécile qui est heureux). Le respect de la loi morale, elle-même identifiée comme fait de la raison ( factum rationis ), ne conduit pas nécessairement au bonheur. Le pouvoir des hommes se limite à s’en rendre digne. Pris en lui-même, le bonheur n’est qu’un idéal de l’imagination qu’un sage peut rechercher, sans l’atteindre, toute une vie durant. Devant cette injustice, la raison n’est aucunement démunie : elle postule un Dieu justicier qui, dans l’au-delà, récompensera – proportionnellement – la moralité par le bonheur.

Conclusion 

Le bonheur n’est pas le fruit du pur hasard, pas plus qu’il n’est la somme d’un calcul savant. Il peut aussi consister en un « lâcher-prise » ou une « intensification du sentiment d’exister » telle que la décrit Rousseau dans Les Rêveries du promeneur solitaire  (1782) : un abandon au pur et simple temps présent. Reste à savoir si l’on peut invoquer une raison collective – une raison d’État ? – garante d’un droit au bonheur que stipule – entre autres – la constitution américaine. Et si, individuel comme collectif, le bonheur est la responsabilité de chacun, n’est-il pas – de nos jours – irrémédiablement conditionné par les médias et les réseaux sociaux ? La sentence de Cypher ne serait-elle pas, dans cette mesure, plus raisonnable qu’il y paraît ?

*Hans Limon est professeur de philosophie au lycée Louis-Massignon d’Abu Dhabi et chargé de projets culturels.

L’École des lettres est une revue indépendante éditée par l’école des loisirs . Certains articles sont en accès libre, d’autres comme les séquences pédagogiques sont accessibles aux abonnés.

Hans Limon

La conscience fait-elle obstacle au bonheur ?

Amérique du Nord 2022 • Dissertation

Sprint final

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Amérique du Nord • Mai 2022

La conscience fait-elle obstacle au bonheur ?

dissertation

4 heures

Intérêt du sujet • Ce sujet classique confronte la « conscience », que nous possédons, au « bonheur », que nous recherchons : ce qui nous définit comme êtres humains nous empêche-t-il d’atteindre ce qui donne sens à notre vie ?

Les clés du sujet

Définir les termes du sujet.

Du latin cum scientia (« avec science »), la conscience est de façon générale associée à un savoir (perception du monde, connaissance de soi) : c’est d’abord la lucidité sur ce qu’on est et ce qu’on peut espérer.

La conscience morale impose des limites à nos actions et la conscience du temps peut empêcher de goûter l’instant présent.

Faire obstacle

Faire obstacle, c’est constituer un empêchement : rendre impossible ou du moins difficile, mettre des bornes, poser une limite, interdire, détourner, décourager.

Du latin bonum augurium , le bonheur est un objectif soumis à beaucoup d’aléas, comme le connote le mot heur (« sort », « chance », « fortune ») en français classique.

S’il est difficile d’en définir concrètement les conditions, le bonheur est représenté comme un idéal offrant la plénitude d’une satisfaction durable, intense et variée.

Dégager la problématique

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Construire un plan

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : 1. La conscience morale est un obstacle au bonheur; Exemple du remords : la « mauvaise conscience » est un obstacle d’autant plus puissant qu’il est intérieur.La conscience morale impose de relativiser la quête du bonheur et de la subordonner au respect du devoir.; Ligne 2 : 2. La conscience nous expose au malheur; La conscience nous montre notre finitude : l’homme est essentiellement malheureux et inquiet.Notre fardeau le plus terrible est la conscience du temps : poids de la mémoire, anticipation de la mort.; Ligne 3 : 3. Le bonheur est propre à l’être conscient; Le bonheur n’est pas la satisfaction : le sentiment de notre dignité compte davantage que le plaisir.Devenir plus conscients nous rend plus forts, plus autonomes et donc potentiellement plus heureux.;

Les titres en couleurs et les indications entre crochets servent à guider la lecture mais ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.

Introduction

[Reformulation du sujet] Le sort dresse parfois des embûches sur le chemin que nous essayons d’emprunter pour parvenir au bonheur. Mais il existe peut-être aussi un empêchement plus fondamental qui fait de ce chemin une impasse : la conscience fait-elle obstacle au bonheur ? [Définition des termes du sujet] Nous rêvons d’une satisfaction pleine et entière, suffisamment durable, intense et variée. Mais en offrant une connaissance du monde et de soi, la conscience nous rend lucides sur nos limites et sur ce que nous pouvons espérer. [Problématique] Le fait de distinguer le bien et le mal, de constater notre fragilité et le temps qui passe ne réduit-il pas considérablement nos perspectives de bonheur ? Ou bien doit-on au contraire chercher dans le renforcement de la conscience la voie d’une vie humaine parfaitement accomplie ? [Annonce du plan] Nous commencerons par voir en quoi le fait d’être conscients de nos devoirs entrave la quête du bonheur, puis pourquoi la conscience fait de l’homme un être inquiet. Nous verrons enfin qu’un bonheur véritable est lié au renforcement de la conscience.

1. La conscience morale est un obstacle au bonheur

A. l’obstacle intérieur de la mauvaise conscience.

La conscience morale nous rend attentifs à des valeurs relatives au bien et au mal, et nous impose de conformer notre conduite à certaines normes. Dans le cas contraire, on s’expose au blâme des autres – ce qui n’est pas le meilleur calcul pour être heureux – mais aussi et surtout au remords , ce tourment qui nous ronge lorsqu’on a « mauvaise conscience ».

Du latin remordere , le remords signifie littéralement la morsure renouvelée, voire incessante de la conscience.

Pour Aristote, dans l’ Éthique à Nicomaque , un homme méchant ne peut pas être heureux, car une partie de son âme accuse l’autre partie et le déchire au point de le rendre ennemi de lui-même . La conscience est un juge sévère qui empêche de goûter le bonheur acquis de mauvaise façon : l’obstacle est insurmontable précisément parce qu’il est intérieur.

B. La subordination du bonheur au devoir

Il nous faut relativiser l’importance du bonheur et considérer d’abord le respect du devoir . Certaines voies vers le bonheur nous sont interdites lorsque les satisfactions visées sont égoïstes ou dégradantes, pour notre personne ou celle des autres. Kant dit que l’ impératif moral est « catégorique » : il constitue une limite indiscutable que nous posons nous-mêmes à nos actions.

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« Agis de telle manière que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen » (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs ).

La recherche du bonheur doit être subordonnée au respect du devoir. Cela ne signifie pas que l’une et l’autre soient incompatibles, puisque le fait d’avoir bien agi produit un contentement qui est, selon Kant, un « analogue du bonheur ». Mais « bonheur » et « vertu » sont souvent difficiles à concilier .

Le secret de fabrication

Illustrez le propos par un exemple : dans Les Misérables de Victor Hugo, Jean Valjean renonce à son bonheur et se livre à la police pour éviter qu’un sosie soit envoyé au bagne à sa place.

[Transition] La conscience morale fait obstacle à la recherche du bonheur, car elle lui impose des limites et prive l’individu qui les transgresse d’une satisfaction entière. Faut-il aller plus loin et dire que la conscience nous expose au malheur ?

2. La conscience nous expose au malheur

A. conscience et finitude.

Le regard qu’un être conscient porte sur lui-même est valorisant : comme on l’a observé, penser fait la grandeur de l’homme. Mais la pensée nous dévoile aussi notre finitude  : « la grandeur de l’homme est grande en ce qu’ il se connaît misérable  », note amèrement Pascal dans ses Pensées .

La finitude est le caractère de ce qui est fini, au sens de limité. On emploie le terme pour qualifier la condition humaine, habitée par la conscience du temps et de la mort.

Selon Schopenhauer , cette limitation fait de l’humain un être essentiellement malheureux , habité par un manque qui ne lui laisse que quelques rares moments de répit. Conscience rime avec souffrance. Comme il l’indique dans Le Monde comme volonté et comme représentation , « l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience : or sans repos le véritable bonheur est impossible ».

B. L’existence humaine alourdie par le temps

La conscience du temps est décrite par Nietzsche comme un fardeau. À l’inverse de l’animal attaché au « piquet de l’instant », l’être humain est privé d’une légèreté dans laquelle il voit confusément le secret du bonheur. En proie à la nostalgie, aux regrets ou à la mélancolie, il subit son passé  : la mémoire est avantageuse pour la connaissance, mais pas pour le bonheur.

La conscience ouvre aussi à l’avenir . Elle est « soucieuse », car nous anticipons sans cesse un après dans lequel nous nous projetons. Or nous savons bien que l’ultime possibilité qui nous attend est la mort , qui suscite en nous de l’« angoisse ». Au rebours d’Épicure qui proclamait que « la mort n’est rien pour nous » et que le bonheur est possible à condition de vivre au présent, les philosophes de l’existence insistent sur l’incertitude, voire le désespoir, qui hante l’esprit humain.

Les penseurs «  existentialistes » comme Kierkegaard, Heidegger ou Sartre prennent pour point de départ la fragilité de l’existence humaine.

[Transition] La conscience fait obstacle à un bonheur simple qui semblait à portée de main. Mais est-elle incompatible avec un bonheur plus complexe qui nous serait propre ?

3. Le bonheur est propre à l’être conscient

A. bonheur et satisfaction.

Introduisez une distinction entre « bonheur » et « satisfaction » pour envisager le problème sous un nouvel angle.

Si la définition du bonheur n’est jamais tout à fait claire et varie d’un individu à un autre, Mill observe qu’elle est toujours assez riche pour ne pas se réduire à la satisfaction , c’est-à-dire aux plaisirs élémentaires qui nous sont communs avec les animaux (manger, boire, etc.). Le bonheur que nous cherchons inclut aussi la connaissance du monde et de soi, les arts, les relations sociales et amoureuses, le bien-être social, etc.

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« Il vaut mieux être un homme insatisfait qu’un porc satisfait » (Mill, L’Utilitarisme )

Si nous nous heurtons à de nombreux obstacles dans notre quête, c’est tout simplement parce que nos ambitions sont plus élevées  : elles ne sont peut-être pas toutes susceptibles d’être comblées, mais cette incomplétude est compensée par la conscience de notre dignité . Nos moyens aussi sont plus élevés, puisque notre intelligence nous permet de calculer au mieux comment être heureux, individuellement et collectivement.

B. Le renforcement de la conscience

Selon Freud, l’incapacité de certains individus à trouver l’épanouissement, ou ne serait-ce que l’équilibre psychique, ne doit pas être mise sur le compte de la conscience, mais sur celui de l’inconscient . Les symptômes tels que les angoisses, phobies, obsessions, épuisement dépressif, etc., sont le fait de désirs refoulés qui reviennent se manifester de façon voilée, et dont il s’agit de comprendre le sens .

La voie à privilégier est donc le renforcement de la conscience et non son effacement : il faut « rendre conscient l’inconscient », élargir notre champ de conscience en devenant plus lucides sur nous-mêmes, sur notre histoire et nos désirs secrets afin de devenir plus libres et plus heureux .

Le sacrifice de la conscience n’est ni possible ni souhaitable, car celle-ci définit l’être humain. Loin de constituer un obstacle à toute forme de contentement, le renforcement de la conscience est le moyen par lequel nous pouvons nous rapprocher du bonheur qui nous est propre.

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dissertation philo bonheur et temps

Le Bonheur – Bac de Philosophie

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Le Bonheur - Bac de philosophie

Dans cette vidéo, je vais vous présenter plusieurs aspects relatifs au bonheur :

I.La définition du bonheur et la problématique qu’elle soulève

II. La question de savoir si le bonheur dépend de nous ou non

III. L’idée selon laquelle le bonheur est lié à nos désirs

IV. Savoir si la politique a pour but le bonheur des citoyens

V. Les différentes formes de bonheur dans notre vie quotidienne

I – DÉFINITION DU BONHEUR ET PROBLÉMATIQUE

Examinons tout d’abord la définition couramment admise du bonheur. Généralement on définit le bonheur comme un état durable de satisfaction complète dont découle un sentiment de plénitude et de béatitude . Or de cette vision du bonheur qui le décrit comme un état durable et constant jaillit le premier problème que sous-tend la notion:

En effet, comment concevoir le bonheur autrement qu’un idéal stable et désincarné, dont on ne peut faire l’expérience dans l’existence, alors que la vie est changeante, parsemée d’obstacles et d’embûches ?

En d’autres mots :

À quoi bon réfléchir sur quelque chose qui n’existe pas ? 

Ou ne risque-t-on pas de souffrir si l’on tend inlassablement vers quelque chose qui n’existe pas ?

L’un des premiers philosophes à avoir souligné l’impossibilité de définir le bonheur est Kant . Selon lui, le bonheur est impossible à définir de façon générale, car il est affaire d’empirisme , à savoir d’expérience , et est propre à chacun. 

Exemple : pour l’un, le bonheur c’est de manger du chocolat ; pour l’autre, c’est de perdre du poids.

Cette impossibilité à définir le bonheur a conduit les philosophes et les politiques à travers les siècles, à l’associer à des notions bien réelles , telles que la chance, le plaisir, le désir, la morale, la consommation ou les loisirs . Nous verrons dans quelques minutes dans quelles mesures.

Tout d’abord, examinons cette question : est-ce que le bonheur dépend de nous ?

II – LE BONHEUR DÉPEND-IL DE NOUS ? 

Le terme bonheur est dérivé du latin, bonum : bon et augurum : le hasard, la chance et il s’est transformé en « bon eür » en ancien français. 

Dans l’Antiquité , le bonheur est donc facteur de chance et ne dépend pas de nous, mais du sort . Au bonheur peut succéder malheur et malchance , ces différents états ne résultant que des caprices du sort. Pour les anciens , le bonheur c’est donc un don du ciel, une chance, ce qu’ils appelaient la Fortune . 

Or, rester dans la passivité – un peu comme la belle au bois dormant qui attend que son prince la délivre du sommeil – admet que c’est une position qui  n’est pas tenable .

Pour contrer cette conception fataliste du bonheur, l’Eudémonisme (= doctrine qui a pour objet central le bonheur) des stoïciens propose une solution pour le faire dépendre entièrement de nous.

Pour les sages , pour que l’Homme ne soit plus le jouet du sort et puisse vivre de façon heureuse, il lui suffit de vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent .

Il est vrai que cela peut sembler plus facile à dire qu’à faire. D’autre part, cela n’implique-t-il pas de nier nos aspirations à être qui nous sommes ? Nous sommes tous d’accord pour dire que cela n’est plus tenable de nos jours.

En revanche, pour l’ascète , il s’agit de faire une sélection des plaisirs . Le bonheur étant l’ataraxie , c’est-à-dire la conséquence d’une absence de trouble de l’âme , il s’agit pour le philosophe de ne profiter que des désirs naturels et nécessaires tels que boire, se reproduire, manger et dormir, en réalité de ne profiter que de ses besoins. De temps en temps, il est permis de s’octroyer des plaisirs naturels mais non nécessaires , comme boire un verre de bon vin ou manger un plat fin, et d’ignorer les plaisirs non naturels et non nécessaires tels que l’ambition, la gloire ou la richesse. Car ces derniers, au même titre que le désir, sont insatiables et peuvent engendrer la souffrance .

Toutefois, à moins de vivre reclus dans une grotte, il est difficile d’appliquer à la lettre ce que préconise Épicure , n’est-ce pas ? Voyons donc ce qu’il en est de la relation entre le désir et le bonheur.

III – LE BONHEUR, UNE AFFAIRE DE DÉSIR

Un grand nombre de philosophes pensent que le désir est la cause de nos malheurs et qu’une des conditions pour accéder au bonheur est d’éradiquer le désir. Dès l’étymologie du terme, on constate que le désir exprime la nostalgie d’une étoile . En effet, le mot désir vient du latin “ de-sideratio “, qui indique la perte douloureuse ( “de” ) d’un astre ( “sideris” ) fascinant. Ainsi, le désir peut être considéré comme le regret d’un joyau merveilleux autrefois contemplé.

L’association du désir et de la souffrance est illustrée dans le mythe des Danaïdes , conté par Socrate à Calliclès dans le Gorgias , avec l’image de leur tonneau percé. Un homme qui chercherait à être heureux en voulant satisfaire ses désirs serait condamné à s’épuiser inlassablement à remplir un tonneau percé, et donc à la souffrance, le désir étant en permanence reconductible et illimité !

On retrouve également l’idée chez les Stoïciens et Descartes, selon laquelle il vaut mieux “renoncer à ses désirs plutôt que changer l’ordre du monde” . En d’autres termes, le monde ne possédant pas assez de richesses pour satisfaire nos désirs qui, eux, sont illimités , il vaut mieux y renoncer . Et pour conclure sur les philosophes qui déprécient le désir, citons la vision la plus pessimiste d’entre eux, celle de Schopenhauer . Pour le nihiliste , le vouloir-vivre ou le désir est la cause de notre douleur et de ce qui divise les hommes. Il faut donc le faire taire à tout prix et trouver refuge dans l’art , qui seul peut apaiser notre mal-être.

Il est vrai que certaines conceptions du bonheur peuvent sembler restrictives et morales, ce qui peut compliquer la quête du bonheur. Il peut être difficile d’avancer lorsqu’on nous dit ce qu’il ne faut pas faire, plutôt que de nous donner des pistes pour trouver le bonheur.

Spinoza pense au contraire que le désir est l’essence de l’homme et que la joie, qui découle de sa satisfaction, signale son «passage d’une moindre à une plus grande perfection». On trouve la même conception positive chez Nietzsche pour qui le désir qu’il nomme la volonté de puissance est un élan vital, une force créatrice et donc un des vecteurs du Bonheur.

Mais pour que l’accès au bonheur soit possible, faut-il encore que la politique le permette et s’en préoccupe…

IV – BONHEUR ET POLITIQUE

Si le bonheur réside dans la tolérance , la pratique d’activités choisies et le fait de « cultiver son jardin » pour Voltaire dans Candide , encore faut-il construire une société permettant à tous d’être heureux.

Les états démocratiques , en tentant de privilégier l’expression des libertés individuelles , semblent aller dans ce sens.

L’idéal d’un bonheur collectif , apparu selon Saint-Just au moment de la Révolution française en Europe , est-il compatible avec le bonheur individuel ? 

Il semblerait puisque c’est à l’initiative de l’Empire, puis de la République que les congés payés sont instaurés en France. C’est tout d’abord par Napoléon III en 1853 , qui, par décret, les accorde aux seuls bénéfices des fonctionnaires, puis le Front  Populaire en 1936 qui les généralise à tous. 

Grâce aux congés payés , les français peuvent désormais partir en vacances et s’adonner à leurs loisirs, ce que la publicité n’hésite pas à associer avec l’idée du Bonheur.

En effet, en vacances, chacun est libre de faire ce qu’il désire, ce qui renforce l’association entre le bonheur et le désir. Par exemple, certains pourront pratiquer la philosophie ou marcher seuls dans la montagne pour méditer. Toutefois, la réalité peut être parfois bien différente.

Mais les intérêts des Etats , même démocratiques , vont parfois à l’encontre des intérêts des individus . Ainsi la société de consommation , si soucieuse de nos loisirs (ton ironique), n’a pas hésité à chercher à instrumentaliser nos désirs , par le biais de la pub et du marketing , y voyant un moyen de croissance et d’enrichissement.

Elle tolère le bonus dolus , le mensonge léger qui consiste à exagérer les qualités d’une marchandise, les images subliminales, celles qui s’insèrent dans la pub à l’insu du spectateur, et favorise le crédit, pour pousser l’individu à la consommation.

La recherche du bonheur que la société associe à la consommation devient ainsi aliénante pour l’Homme qui n’est plus à l’origine de ses désirs, lesquels sont créés de toute pièce par la société , dont le but est : s’enrichir.”

Il est clair que la politique peut parfois avoir du mal à concilier ses intérêts personnels avec le bonheur individuel. Mais alors si les intérêts politiques divergent des intérêts individuels, si pour la philosophie le Bonheur est un état permanent dont on ne peut faire l’expérience, puisque il est, rappelle Kant, « l’état d’un homme raisonnable à qui dans tout le cours de son existence tout arrive selon son souhait et sa volonté » et est donc impossible… Sachant qu’il faut toujours le rattacher à des notions secondaires, quelle forme de bonheur pouvons-nous espérer aujourd’hui ?

V. LES DIFFÉRENTES FORMES DE BONHEUR DANS NOTRE VIE QUOTIDIENNE

Pour la psychanalyste Elisabeth Roudinesco , le bonheur est aujourd’hui plus affaire de psychologie que de philosophie . Le politique et la philosophie ont laissé place à l’individualisme et la psychologie .

Dans le roman Avatar de Théophile Gautier , le personnage principal, Octave, possède tout ce qui devrait le rendre heureux : richesse, jeunesse et beauté. Pourtant, il sombre dans le désespoir et l’ennui. Cela montre que le bonheur est une quête individuelle qui nécessite la connaissance de soi et de ses aspirations personnelles.

Une fois que la question de pouvoir subvenir à ses besoins est réglée, le bonheur pourrait consister au fait de parvenir à dépasser suffisamment ses conflits intérieurs afin de, comme le dit Freud ,  pouvoir aimer et travailler.

Indissociable de la présence chaleureuse d’autrui, ou de compagnons de route, il serait aujourd’hui, contrairement à l’Antiquité,  fruit de la praxis , c’est-à-dire de l’action.

Il résulterait d’une activité choisie favorisant le déploiement de son potentiel et peut-être également de la perpétuation d’actes d’aide envers autrui , lesquels feraient accroitre l’estime de soi-même. 

Sorte de quête et graal de nos sociétés actuelles , difficiles à atteindre et souvent malmené par les affres de l’existence – les deuils, les renoncements et les échecs – il semble aujourd’hui être associé au bien-être, à la joie, à la confiance et à la « force d’exister » dont parle Spinoza , qui assure d’utiliser les obstacles comme l’occasion d’accroître notre personne.

Ainsi, même si vivre dans un état de bonheur permanent n’est pas possible, vivre heureux et avoir une vie portée par la joie, désirante et le bien-être semble un objectif tout à fait accessible . Et c’est tant mieux !

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Définitions

Bonheur  : état de satisfaction prolongé et durable.

Le plaisir, la joie : sentiments éphémères d’une satisfaction intense.

Le bonheur est-il accessible ?

Pour Epicure et les épicuriens , le bonheur est accessible à tous. En effet, c’est le fait de ne pas avoir l’esprit agité ni le corps souffrant. Donc si on n’a pas de douleurs corporelles, et si on ne ressent pas d’angoisses terribles, on est heureux !

Pour les Stoïciens , il faut distinguer ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous : c’est l’élément fondamental du stoïcisme, parce que l’on ne doit pas se laisser atteindre par ce qui ne dépend pas de nous. En d’autres termes, si quelque chose ne dépend pas de nous, a une cause externe à notre personne, nous n’avons pas le droit de la laisser nous affecter. Ce qui peut affecter notre bonheur, c’est seulement ce qui dépend de nous. Les Stoïciens diront que l’homme sage est celui qui est heureux même sous la torture. En effet, ce que d’autres font subir à son corps ne dépend pas de lui, il ne laisse donc pas cela l’affecter et nuire à son bonheur.

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Le bonheur est difficile à atteindre parce que l’homme ne sait pas véritablement ce qui peut le rendre heureux. En effet, c’est ce que souligne Aristote : ceux qui sont pauvres pensent qu’être riches les rendra heureux, ceux qui sont malades pensent que retrouver la santé les rendra heureux … Le bonheur, c’est réussir à combler un manque, et ce manque peut varier selon les individus mais aussi selon les jours, pour le même individu ! C’est pourquoi il est difficile de définir le bonheur, et il peut aussi être difficile pour un homme de savoir ce qu’il lui faut pour atteindre ce bonheur.

Le bonheur est le souverain bien ,c'est-à-dire le but suprême

C’est la thèse de Pascal : pour lui, le bonheur est le but de l’homme : «  Tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception  ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but . » Mais ce but est inatteignable, puisque l’homme se condamne lui-même au malheur. En effet, il ne pense jamais au temps présent, il se préoccupe toujours du passé ou du futur : c’est-à-dire, de deux temporalités qui n’existent plus ou pas encore. Il s’imagine un futur radieux et heureux, au lieu d’améliorer son présent pour être plus épanoui. Sauf qu’il n’a aucune assurance d’arriver à cet avenir, parce qu’il est incertain et lointain.

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Pour la philosophie utilitariste, il est moral de chercher le bonheur puisque le but suprême est que le plus grand nombre d’hommes l’atteigne. Mais pour atteindre ce bonheur, il ne faut pas être égoïste ni autocentré : il ne faut pas agir contre l’intérêt des autres, mais dans l’intérêt des autres.

Le désir empêche-t-il d'être heureux ?

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Schopenhauer : le bonheur est rarement atteint par les hommes, même s’ils le cherchent tous. En effet, nous désirons sans cesse quelque chose de nouveau et nous souffrons parce que ce désir n’est pas satisfait. Et quand nous satisfaisons enfin notre désir, nous nous lassons rapidement et avons d’autres désirs qui se surajoutent : « La vie oscille comme un pendule de la souffrance à l’ennui. » C’est pourquoi le bonheur ne doit pas être le but de la vie, le vrai sage ne le cherche pas.

Objection de  Socrate , dans le  Gorgias , dialogue de  Platon  : l’homme qui désire sans cesse est comme un tonneau percé, il va chercher à remplir ce tonneau en satisfaisant ses désirs, et en pensant qu’il faut le remplir entièrement pour être heureux (donc satisfaire tous ses désirs). Or, ce faisant, non seulement on perd notre liberté et on devient esclave de nos désirs, mais en plus, on se condamne au malheur puisque c’est une quête inatteignable.  Socrate  invite l’homme à se satisfaire de ce qu’il a.

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La recherche du bonheur peut-elle conduire au malheur ?

Descartes  : la recherche du bonheur peut nous apporter le malheur, parce que le bonheur est éphémère et illusoire. C’est pourquoi il faut rechercher la vérité plus que le bonheur, parce qu’elle nous apporte une plus grande satisfaction.

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John Stuart Mill : les hommes ne recherchent pas forcément le bonheur, parce qu’ils ne sont pas prêts à faire certains compromis qui pourraient les rendre heureux. Il préfèrent garder leur intelligence et leur raison, et être malheureux, plutôt que d’être changés en une espèce moins évoluée mais heureuse ; ou même plutôt que d’être ignorant et heureux. «  Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait . »

Sujets type bac corrigés sur le bonheur

Qu’est-ce qui nous manque pour être heureux ?

Peut-on être heureux sans être libre ? 

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Exemple de sujet : Plaisir et bonheur

Dans le Gorgias, Socrate défend l’idée qu’un homme heureux est celui qui est capable de réguler ses désirs, de telle sorte qu’il ne sera pas l’esclave d’une recherche effrénée du plaisir. Se fondant sur une célèbre métaphore d’un tonneau qu’il s’agirait de remplir patiemment des biens les plus précieux et de consolider afin qu’il ne fuie pas, Socrate se voit pourtant opposer par Calliclès une conception plus hédoniste, selon laquelle le breuvage importe peu à condition d’avoir l’ivresse. L’iconoclasme moral de Calliclès, préfigurant la conception sadienne des plaisirs, consiste alors à montrer que l’homme doit rejeter une conception du bonheur uniquement fondée sur la mortification du corps. Le lien entre plaisir et bonheur est en ce sens ambigu. Il faut en effet problématiser la proximité entre les deux termes pour s’apercevoir de toute la difficulté de cette question. Si le plaisir désigne une satisfaction immédiate d’un désir, qui s’accompagne donc d’une sensation de bien-être ressentie par l’homme, le bonheur paraît alors dépendre du plaisir, puisqu’il désigne une satisfaction durable de l’homme, la seule différence entre les deux tenant au fait que le bonheur enjoint de privilégier le... [voir le corrigé complet]

 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Annales du bac philo, le corrigé : “Le bonheur est-il affaire de raison ?”

En 2023 était tombé ce sujet de dissertation : « Le bonheur est-il affaire de raison ? » Être heureux pourrait-il donc relever d’une décision rationnelle ? Le bonheur n’est-il pas plutôt quelque chose vers quoi nous poussent nos sentiments et nos passions, parfois bien à rebours du raisonnable ?

Suivez les pistes de Frédéric Manzini pour le corrigé de ce sujet des plus classiques, tombé l’an dernier en filière générale. Attention, le plan et la réponse suivante sont une proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

Et retrouvez sur cette page tous nos outils et conseils pour le bac philo.

Expresso : les parcours interactifs

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Kant et le beau

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“L’État nous doit-il quelque chose ?” Le corrigé du bac philo 2024 en filière générale (sujet 2)

Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

Analyse des termes du sujet « Faut-il » Synonymes : est-ce un devoir, une obligation, une contrainte, une nécessité ? « préférer » Synonymes : choisir (choix exclusif ou inclusif), privilégier, favoriser… « bonheur » Termes…

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En 2021 était tombé un extrait de De la division du travail social, d’Émile Durkheim, à expliquer. Les membres d’une société doivent-ils adhérer aux vertus qui…

Corrigés du bac philo – filière générale : Émile Durkheim, “De la division du travail social”

Où trouver le bonheur ?

Existe-t-il une recette du bonheur ? Probablement pas plus qu’il y a de chemise de l’homme heureux, mais cela n’a jamais empêché les philosophes de la chercher : pour Aristote, le bonheur est lié à la contemplation des vérités…

Considérée comme propre à l’homme, celui-ci étant qualifié par Aristote d’« animal rationnel », la raison (du latin ratio : calcul) peut se définir comme la faculté de juger du vrai et du faux, de discerner le bien du mal…

“Le bonheur est-il affaire de raison ?” Découvrez le corrigé !

Les sujets du bac philo 2023 sont tombés ! Retrouvez dans cet article les sujets de dissertation et d’explication de texte qui ont été donnés, mercredi…

“ Le bonheur de l’homme est : je veux ; le bonheur de la femme est : il veut ”

La citation corrigée par François Morel.  

“ Le bonheur de l’homme est : je veux ; le bonheur de la femme est : il veut ”

philosophie

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espace pédagogique > disciplines du second degré > philosophie > focus

Sujets de réflexions philosophiques : Le bonheur

mis à jour le 29/08/2008

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Cette ressource propose quelques sujets de réflexions et de dissertations philosophiques sur le thème du bonheur.

mots clés : philosophie , morale , bonheur

Le bonheur :

Textes  philosophiques associés :, cours et conférences en ligne :, ressources associées :.

- tous niveaux03/12/2008
- tous niveaux, Terminale29/08/2008
- tous niveaux, Terminale30/01/2008
- Terminale10/09/2007

IDDN

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux, Terminale

type pédagogique : sujet d'examen

public visé : non précisé, élève

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes : philosophie, morale, bonheur

ressource(s) principale(s)

03/12/2008
"Qu'est-ce que bien vivre ?" est une leçon proposée par Blaise Benoit en  2008 dans le cadre d'un stage de formation continue consacré au "vivant". Cette leçon intègre l&# ...

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Dissertation, « Le bonheur est-il affaire de raison ? », sujet de métropole, juin 2023

Introduction, i. la raison ne saurait nous rendre heureux, 1.  le bonheur est une affaire d'imagination, 2. la raison nous empêche même d'être heureux, 3. le bonheur, une affaire de désir, ii. le bonheur est affaire de conditions matérielle, 1. de la raison au plaisir, 2. le bonheur, une affaire de conditions matérielles d'existence, 3. le bonheur est affaire d'organisation sociale de la vie, iii. la raison actualise le bonheur, 1. le bonheur est affaire d'un plaisir raisonné, 2. sans raison, pas de sagesse ; sans sagesse, pas de bonheur, 3. la raison permet de se juger heureux.

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Philosophie

Voilà une des notions préférées des élèves ; ils sont en général très impliqués dans la progression et la réflexion autour de cette notion centrale dans une année de philosophie. 

La notion de bonheur 

Les questions que soulève une réflexion sur le bonheur sont nombreuses et chacune a son importance.

Je propose ici trois axes de réflexion possibles autour de cette notion, ces trois axes ne pouvant en aucun cas prétendre offrir un traitement exhaustif d'une notion aussi vaste et riche, et profondément ancrée dans l'histoire de la philosophie. 

Qu'est-ce qu'être heureux  ? 

Cette question qui surgit immédiatement est celle de la définition du bonheur :  qu'est-ce qu'être heureux  ? Et pourquoi les hommes accordent-il autant d'importance au fait d'être heureux ?

Matisse, le bonheur de vivre, 1957

Le bonheur de vivre , Matisse, 1905

Il apparaît d'abord que  seul l'homme se pose cette question , le bonheur est donc intimement lié à une réflexion sur le sens de l'existence et présuppose l'activité consciente de l'homme, capable de se projeter dans le temps et d'accéder à son intériorité. 

Un premier axe problématique consiste à  réfléchir sur la difficulté à s'accorder sur la définition du bonheur .

De plus, le bonheur et le plaisir étant intimement liés et souvent confondus, les élèves ont l'occasion de mieux cerner ce qui fait la différence entre le fait d'éprouver du plaisir et le fait d'être heureux ; ils se demandent alors si une vie de plaisir(s) est nécessairement une vie heureuse. 

Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des sages   B. d'Aurevilly.

La référence à la pensée d'Epicure  peut constituer un point de départ intéressant pour approfondir la réponse à cette question (voir le texte plus bas).

La question du bonheur et celle des moyens pour y parvenir est en effet une question fondamentale dans la philosophique antique.

Et la référence à certains philosophes de l'Antiquité sera d'autant plus intéressante si elle est articulée avec les conceptions contemporaines du bonheur : en effet, si une vie heureuse est communément reconnue comme une vie réussie, comment nos contemporains envisagent-ils de réussir leur vie ?  Les élèves objecteront aisément que chacun possède une conception du bonheur qui lui est propre : empreinte de subjectivité, notre idée du bonheur serait-elle, comme le dit Kant, un «  idéal de l'imagination humaine »  ?

Peut-on être réellement heureux  ?term

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Emission : Les grandes questions

  • Le bonheur doit-il être le but de la vie ?
  • Qu’est-ce que le bonheur ?
  • Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ?
  • Le bonheur peut-il être durable ?
  • Bonheur et souffrance ?
  • Le bonheur, une marchandise comme les autres ?
  • Le bonheur collectif existe-t-il ?

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I. LE DESIR
II. LE BONHEUR

Schopenhauer

III. LE BONHEUR, ART DE NE PAS SOUFFRIR ?

IV. LE BONHEUR PAR LA CONSTRUCTION DE SOI

V. BONHEUR ET ETAT

Tocqueville

Conseils de philosophes pour accéder au bonheur.

  • Le but de la vie humaine, est-ce le bonheur ?
  • Faut-il désirer pour être heureux ?
  • Le désir, c’est quoi ?
  • Peut-on désirer contre soi ?
  • Ne peut-on être heureux qu’aux dépends des autres ?
  • Faut-il être égoïste pour être heureux ?
  • C’est quoi le bonheur ?
  • Rechercher le bonheur est-ce le plus sûr moyen de se rendre malheureux ?
  • Doit-on tout sacrifier au bonheur ?
  • Est-il vrai que les gens heureux n’ont pas d’histoire ?
  • Pour être heureux faut-il être insouciant ?
  • Y-a-t-il une école pour apprendre à être heureux ?

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LES GRANDES QUESTIONS Voici une vidéo qui traite du bonheur. Parmi les invités, des philosophes : André Comte-Sponville, Vincent Cespedes, Frederic Lenoir…  
 Le bonheur doit-il être le but de la vie ?

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  • Pour Kant  : c’est l’idéal de l’imagination et non de la raison (voir texte)
  •  La satisfaction de tous les désirs (ce n’est pas la satiété). D’ailleurs on ne désire que ce qu’on a pas. Si on avait tout, on ne désirerait plus rien…
  • Ce n’est pas une joie constante (La félicité) (la joie est un passage, elle ne peut pas être constante)
  • Nous avons une expérience du malheur plus forte que celle du bonheur . Le malheur c’est quand on sait que la joie ne viendra pas…ni tout à l’heure, ni plus tard.(parce qu’on vit qqchse de très douloureux)
  •   Le bonheur c’est le contraire du malheur : c’est quand la joie paraît immédiatement ou très bientôt possible. On est plus ou moins heureux. Et celui qui pense que le bonheur n’existe pas, c’est qu’il n’a jamais été vraiment malheureux.
  • Bref ! Le bonheur, c’est quand on est pas malheureux. Donc, « Soyons heureux de ne pas être malheureux »       
  •     Arditi : Pas d’obligation, d’injonction du bonheur. Chercher le bonheur c’est comme chiner un meuble précis dans un marché aux puces…On ne le trouvera jamais.
Qu’est-ce que le bonheur ?

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Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ?  
Y a-t-il la possibilité d’un bonheur durable ?

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Peut-on être heureux quand il y a de la souffrance autour de nous ?

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Le bonheur n’est-il pas une marchandise comme les autres ?

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Le bonheur collectif existe-t-il ?

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  Qu’est-ce que le désir ? Il paraît difficile de parler du bonheur sans parler au préalable du désir. Mais qu’est-ce que le désir ? Communément, c’est quelque chose que l’on a pas et que l’on veut! Un manque à combler, donc…En effet, il est rare que l’on désire ce que l’on a déjà. Le désir serait donc « la recherche d’un objet que l’on imagine ou que l’on sait être source de satisfaction » . Mais chacun sait que tout désir satisfait va se fixer sur un autre objet…Et ce, indéfiniment !

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Francis Métivier, le désir

A.Spinoza et le désir

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Philosophe Hollandais.

Sa pensée eut une influence considérable sur ses contemporains et nombre de penseurs postérieurs. Issu d’une famille juive  portugaise ayant fui l’Inquisition, Spinoza devait devenir rabbin. Mais parce qu’il remettait en question les dogmes religieux, il fut excommunié. Son ouvrage principal : L’Ethique * prône une liberté joyeuse, libérée des illusions et des superstitions car les hommes ne peuvent être heureux et libres que s’ils « vivent sous la conduite de la raison » . Il se battra toute sa vie contre le fanatisme et les préjugés religieux.

“J’entends donc ici sous le nom de Désir tous les efforts, impulsions, appétits et volitions* de l’homme ; ils sont variables selon l’état variable d’un même homme, et souvent opposés les uns aux autres, au point que l’homme est entraîné en divers sens et ne sait où se tourner.”

Spinoza, Éthique , troisième partie, Définitions des sentiments.

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Pour Spinoza, désirer, ce n’est plus seulement aimer ce qui nous manque, ce qui n’est pas, c’est au contraire aimer ce qui existe réellement et de manière effective. Pour lui, si en effet on se condamne à n’aimer que ce qui est absent, c’est parce qu’en réalité on est incapable d’apprendre à aimer ce qui est, ce qui existe réellement. C’est lorsqu’on a perdu la capacité à nous réjouir de ce qui est, ce qui existe, que l’on en vient à désirer ce qui n’est pas, à vivre dans la tension du manque et de l’absence

B. J.J Rousseau et le désir

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Jean-Jacques ROUSSEAU

Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. (…) Vivre sans peine n’est pas un état d’homme ; vivre ainsi c’est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir* de désirer ; toute autre privation serait plus supportable.

Rousseau, la Nouvelle Héloïse (1761), Gallimard 

Le tonneau des Danaïdes

Danaos fut contraint de marier ses cinquante filles aux cinquante fils de son frère Aegyptos, mais il ordonna à ses filles de poignarder leurs cousins pendant la nuit de noces (toutes obéirent sauf Hypermnestre). En punition les Danaïdes furent envoyées  aux Enfers et condamnées à remplir éternellement d’eau une jarre percée.   L’expression désigne donc l’accomplissement d’un châtiment, d’une peine, d’une tâche  absurde et sans fin.   John Waterhouse, Le Tonneau des Danaïdes, 1903

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A. Tentative de définition

Etymologiquement, bonheur * fait référence à « la chance, au hasard. »   vient de l’expression « bon eür ». « Eür » est issu du latin augurium qui signifie  « chance », c’est l’appui des dieux.

Le bonheur est défini comme un état durable de satisfaction de tous les désirs. Est heureux celui qui ne souffre plus d’aucun manque ou frustration (désir insatisfait), ni d’aucune angoisse (peur qu’un désir se trouve insatisfait). (Voir la doctrine épicurienne du bonheur, selon laquelle le bonheur est un état de “plénitude”, où ne subsiste aucun trouble de l’âme ni du corps.)

Mais le bonheur est difficile à définir dans la mesure où il est une affaire individuelle voici ce qu’en dit le philosophe Blaise Pascal : « Tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre »   Blaise Pascal, Pensées.

B. L’aspiration de l’homme, est-ce d’être heureux ?

Le philosophe Robert Misrahi tente de répondre à cette délicate question…

C. Le bonheur est-il la satisfaction de tous les désirs ?

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Platon philosophe grec né à Athènes ( 428-427 av. J.-C. à 348-347 av. J.-C 1 )   contemporain de la démocratie athénienne

Platon, disciple de Socrate, se détourne de sa carrière politique à la mort de son maitre. Pour lui, le monde sensible est faux et laid. Seul le monde intelligible, celui des Idées, mérite notre attention.  Platon dans le Gorgias utilise  le dialogue, comme dans la plupart de ses œuvres.

Dans ce dialogue extrait du Gorgias, Platon fait dialoguer Calliclès et Socrate qui s’opposent sur la conception du bonheur… C’est évidemment le point de vue de Socrate que défend Platon.

CALLICLÈS – si on veut vivre comme il faut, il faut laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, au lieu de les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions  et de les assouvir, elles et tous les désirs qui les accompagnent. Mais cela n’est pas, je suppose, à la portée de tout  le monde. C’est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu’elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire. La masse déclare donc bien haut que l’intempérance est une vilaine chose.  C’est ainsi qu’elle réduit à l’état d’esclave les hommes dotés d’une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause de leur propre lâcheté. Car pour ceux qui ont hérité du pouvoir ou qui sont dans la capacité de s’en emparer (…), pour ces hommes-là, qu’est-ce qui serait plus mauvais que la tempérance ? ce sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne n’y fasse obstacle (…) La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : si la vie facile, l’intempérance, et la liberté de faire ce qu’on veut, demeurent dans l’impunité, ils font l’excellence et le bonheur. Tout le reste, ce ne sont que de belles idées, des conventions faites par les hommes et contraires à la nature, rien que des paroles en l’air, qui ne valent rien.                                                                                          

SOCRATE — Ce n’est pas sans noblesse, Calliclès, que tu as exposé ton point de vue, tu as parlé franchement. Toi, en effet, tu as exposé clairement ce que les autres pensent  mais ne veulent pas dire. Je te demande donc de ne céder à rien, en aucun cas ! Comme cela, le genre de vie qu’on doit avoir paraîtra tout à fait évident. Alors expliques-moi : tu dis que, si l’on veut vivre tel qu’on est, il ne faut  pas réprimer ses passions, aussi grandes soient-telles, mais se tenir prêt à les assouvir par tous les moyens. Est-ce bien en cela que consiste [le bonheur et] l’excellence ?                                

CALLICLÈS- Oui, je l’affirme !                                                                                                                                                                              

SOCRATE- On a donc tort de dire que ceux qui n’ont besoin de rien sont heureux.                                                        

CALLICLÈS- Oui, car, à ce compte, les pierres et les cadavres seraient très heureux.                                                               

SOCRATE -Mais, tout de même, la vie dont tu parles, c’est une vie terrible ! 

(…) D’ailleurs, un sage  fait remarquer que, de tous les êtres qui habitent l’Hadès, le monde des morts, -là il veut parler du monde invisible- les plus malheureux seraient ceux qui, n’ayant pu être initiés, devraient à l’aide d’une écumoire apporter de l’eau dans une passoire percée. Avec cette écumoire, tou­jours d’après ce que disait l’homme qui m’a raconté tout cela, c’est l’âme que ce sage voulait désigner.  Oui, il comparait l’âme de ces hommes à une écumoire, l’âme des êtres irréfléchis est donc comme une passoire, incapable de rien retenir à cause de son absence de foi et de sa capacité d’oubli.

Ce que je viens de te dire est, sans doute, assez étrange; mais, pourtant, cela montre bien ce que je cherche à te faire comprendre. Je veux te convaincre, pour autant que j’en sois capable, de changer d’avis et de choisir, au lieu d’une vie déréglée, que rien ne comble, une vie d’ordre, qui est contente de ce qu’elle a et qui s’en satisfait.

Platon, Gorgias

Emmanuel Kant (1724-1804)

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Philosophe allemand, il pose le devoir comme bien suprême. Il est le penseur de l’universel. D’où sa célèbre maxime : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre jamais simplement comme un moyen mais toujours en même temps comme une fin » ,ou encore « agis de telle sorte que la maxime de tout action puisse être érigée en loi universelle de la nature » . 

Pour lui, le bonheur n’est donc pas le bien suprême , tout au plus est-il préférable d’être heureux pour mieux accomplir son devoir.

“[…] le malheur est que le concept* du bonheur soit un concept tellement indéterminé’ que, même si tout homme désire d’être heureux, nul ne peut jamais dire pourtant avec précision et en restant cohérent avec soi-même ce que vraiment il souhaite et veut. […]

[…] S’il veut la richesse, combien de soucis, quelle envie et que d’embûches ne risque-t-il pas d’attirer ainsi sur sa tête! S’il veut beaucoup de connaissances et de discernement, peut-être cela ne pourra-t-il que se transformer en un regard d’autant plus aiguisé pour lui montrer d’une façon seulement d’autant plus effrayante les maux qui jusqu’ici restent encore dissimulés à ses yeux et qui ne sauraient pourtant être évités, à moins que cela ne fasse que charger d’encore plus de besoins ses désirs, qu’il a déjà bien assez de difficulté à satisfaire. S’il veut une longue vie, qui va lui soutenir que ce ne serait pas là une longue misère ? S’il veut du moins la santé, combien de fois les ennuis physiques l’ont-ils préservé d’excès où l’aurait fait tomber une pleine santé, etc. Bref, il est incapable de déterminer selon un principe’ avec une complète certitude ce qui le rendrait vraiment heureux, — car pour cela l’omniscience serait indispensable. […J le bonheur est un idéal, non pas de la raison*, mais de l’imagination”.

Emmanuel KANT, Métaphysique des moeurs , t. I, Fondation (1785) 

1. Idée indéterminée du bonheur

Tous nous souhaitons être heureux MAIS nul ne sait vraiment ce qu’il veut.

 2. Si désir de richesse : soucis et embûches

 3. Si désir de connaissances : risque d’aboutir à une acuité du regard qui rendra la vie plus difficile.  Ou à connaitre plus de choses…vouloir plus de choses et donc être plus malheureux.

4 Si désire de longue vie :il ne peut pas savoir la qualité de cette vie et ce sera peut être une « longue misère »

5 Si désire la santé : risque de ne pas se préserver et donc de tomber bien plus malade.

6. L’homme est incapable de déterminer ce qui le rendrait vraiment heureux parce qu’il n’est pas omniscient, qu’il ne connait pas toutes les conséquences de ses choix.

7. Le bonheur = idéal de l’imagination mais pas de la raison Donc on cherche sans trouver puisqu’on ne sait pas très bien ce qu’on cherche et que le chemin du bonheur peut être semé d’embûches que nous n’avions pas prévues.

(Idéal c’est ce vers quoi l’on tend)

Arthur Schopenhauer

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 Né à Dantzig en 1788, Arthur Schopenhauer a déjà achevé à 30 ans son oeuvre majeure: Le Monde comme volonté et comme représentation (1818-1819). Son succès sera aussi éclatant que tardif. Il meurt à Francfort en 1860, laissant son caniche pour seul héritier.

Texte 1 – Schopenhauer

«J ‘ai reconnu mon bonheur au bruit qu’il a fait en partant »…

« Nous ressentons la douleur, mais non l’absence de douleur ; le souci, mais non l’absence de souci ; la crainte, mais non la sécurité. Nous ressentons le désir, comme nous ressentons la faim et la soif ; mais aussitôt que le désir est rempli, il devient comme les aliments dont la saveur disparaît dès qu’on les avale. Nous remarquons douloureusement l’absence des joies et des plaisirs, et nous les regrettons aussitôt ; au contraire, la disparition de la douleur, alors même que nous l’avons ressentie pendant longtemps, n’est pas véritablement ressentie ; nous y pensons à la rigueur parce que nous décidons d’y penser (…). Seules, en effet, la douleur et la privation peuvent produire une impression active, et par là se dénoncer elles-mêmes. Le bien-être, au contraire, ne se manifeste que par son absence. Aussi n’apprécions-nous pas les trois plus grands biens de la vie, la santé, la jeunesse et la liberté, tant que nous les possédons ; pour en comprendre la valeur, il faut que nous les ayons perdus (…). Que notre vie était heureuse, nous ne nous en apercevons qu’au moment où ces jours heureux ont fait place à des jours malheureux. »

Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation , 1859) 

Texte 2 – Schopenhauer

“La satisfaction, le bonheur, comme l’appellent les hommes, n’est au propre et dans son essence* rien que de négatif, en elle, rien de positif. Il n’y a pas de satisfaction qui d’elle-même et comme de son propre mouvement vienne à nous ; il faut qu’elle soit la satisfaction d’un désir. Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir et par conséquent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement ne sauraient être qu’une délivrance à l’égard d’une douleur, d’un besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espèce de désir qui, par son importunité,trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui nous fait de l’existence un fardeau. Or c’est une entreprise difficile d’obtenir, de conquérir un bien quelconque ; pas d’objet qui ne soit séparé de nous par des difficultés, des travaux sans fin ; sur la route, à chaque pas, surgissentdes obstacles. Et la conquête une fois faite, l’objet atteint, qu’a-t-on gagné ? Rien assurément, que de s’être délivré de quelque souffrance, de quelque désir, d’être revenu à l’état où l’on se trouvait avant l’apparition de ce désir. Le fait immédiat pour nous, c’est le besoin tout seul c’est-à-dire la douleur. Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaître qu’indirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passée,qu’elles ont chassées tout d’abord. Voilà pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous n’en avons pas une vraie conscience, nous ne les apprécions pas ; il nous semble qu’il n’en pouvait être autrement ; et, en effet, tout le bonheur qu’ils nous donnent, c’est d’écarter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre pour en sentir le prix ; le manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans intermédiaire s’offre à nous.

Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation (Livre IV, §58)

Quiz Schopenhauer

Interview fictive pour le nouvel Obs !

La méthode Schopenhauer (article du nouvel Obs)

Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir paisiblement envisager la vie humaine, la sienne en particulier, comme «une perturbation inutilement pénible dans le bienheureux repos du néant».

Il est très facile d’être extrêmement malheureux au cours d’une vie. Il est tout à fait impossible, en revanche, d’être très heureux, soulignait Schopenhauer. Même le plus favorisé des hommes a nécessairement des proches qu’il verra mourir un jour. Ou un chien, à défaut. Ou une maîtresse qui le quittera…. Nul n’échappe jamais tout à fait à l’infinie douleur que contient chaque parcelle d’un monde aussi diaboliquement agencé. Il est donc puéril de croire que nous sommes là pour conquérir le bonheur. Tout au plus peut-on tenter de s’organiser militairement contre la souffrance . Ou, en langage schopenhauérien : la seule définition possible d’une vie heureuse serait une existence qui, après mûre et froide réflexion, pourrait être tenue pour préférable au fait de ne pas avoir existé. C’est peu, on en conviendra. C’est même la plus triste figure du bonheur qui se puisse concevoir, diront certains. C’est déjà bien, au dire de Schopenhauer

L’inconvénient d’exister

Pour élaborer ce genre de vues réjouissantes, le génie de Francfort s’est beaucoup inspiré, on le sait, de la pensée bouddhiste, la vraie, non pas celle édulcorée par de récents disciples médiatiques.

Schopenhauer savait que l’atteinte du nirvana, cet état de quiétude parfaite visé par la tradition hindoue, exige avant tout l’extinction du désir , source perpétuelle d’espoirs trompés et de souffrances inexprimables. Il ne serait pas faux non plus d’envisager ses vues comme une longue méditation de l’Ecclésiaste: «Tout est vanité.» Tant que dure la vie humaine, en effet, la quête du bonheur se fixe sur certaines images communes, souvent héritées de l’enfance, de vrais lutins qui nous harcèlent et qui sitôt atteints s’évanouissent, ne tenant rien de ce qu’ils promettaient. Le mieux que l’on puisse souhaiter est donc de parvenir au stade où l’on comprend que toutes les noix sont creuses, aussi dorées qu’elles puissent sembler. «Quiconque, s’étant pénétré des enseignements de ma philosophie, sait que toute notre existence est une chose qui devrait plutôt ne pas être, et que la suprême sagesse consiste à la nier et à la repousser.»

Dans un monde où c’est la médiocrité qui gouverne et la sottise qui parle haut, chacun doit se barricader en soi pour se garder du pire. On n’est pas loin ici de la «citadelle intérieure» préconisée par la sagesse stoïcienne. Cette forteresse-là, avertit Schopenhauer, doit avoir les bases les plus étroites possible. Plus on cultive d’affections diverses, plus on prend d’intérêt aux affaires extérieures, plus on s’expose. Le bonheur passe par l’autosuffisance . Un état qui a moins à voir avec l’égoïsme bourgeois qu’avec le retranchement bienheureux de l’artiste, du penseur, ou de tout grand caractère capable de tirer toute sa joie de son fonds propre. Seul le gisement des jouissances spirituelles est inépuisable.

Malheur en revanche à ceux qui doivent sans relâche s’aventurer hors de leurs gonds pour tuer l’ennui – soit les cinq sixièmes de l’humanité à ses dires. Les plaisirs sensuels sont les seuls qu’ils puissent réellement entendre. On en a vu pour qui «les huîtres et le champagne constituent le summum de l’existence» , note comiquement le misanthrope. Contraints de cultiver toutes sortes de dadas plus ou moins ineptes, les hommes peuvent aussi choisir de se noyer dans le travail, les mondanités, les soucis domestiques ou les sous-vêtements féminins. Seulement voilà, dès que l’on sort de soi-même, il n’y a que des coups à prendre et de mauvaises rencontres à faire. Même les réunions amicales sont à limiter, tant elles supposent de lâches compromis pour se rendre compatible, ou simplement supportable. «Qui n’aime pas la solitude n’aime pas la liberté, car on est libre qu’en étant seul.»

Pour Schopenhauer, le bonheur est précisément ce dont nous ne pouvons jamais jouir, parce qu’il repose sur un état de satisfaction des désirs ; or un désir satisfait disparaît. Par conséquent, pour Schopenhauer, le bonheur est par définition un état dans lequel nous ne sommes pas encore (c’est l’état que l’on rêve et dans lequel un désir qui se révèle actuellement à nous en tant que manque sera satisfait), ou dans lequel nous ne sommes plus (l’état que l’on se remémore et dans lequel un désir qui est actuellement frustré se trouvait satisfait.)

Nous ne prenons conscience d’un désir que lorsqu’il est frustré, lorsque son objet manque : il va donc de soi que nous sommes incapables de jouir de ceux de nos désirs qui sont satisfaits. Nous ne prenons conscience de cette satisfaction que lorsqu’elle a cessé (nostalgie), ou lorsqu’elle n’est pas encore réalisée (attente).

C’est le paradoxe du désir : Tant que le désir est insatisfait, j’en suis conscient, j’en souffre, l’absence de l’objet cause un sentiment de frustration. Mais dès qu’il est satisfait, le désir disparaît. Par conséquent, il ne peut y avoir de plaisir que dans le bref instant où la sensation de manque disparait , ou la frustration est en train de disparaître ; mais dès que la satisfaction est effectuée, je ne peux plus jouir de la satisfaction de mes désirs, puisque je ne suis même plus conscient de désirer quelque chose. On pourrait donc dire du désir qu’il vise un état de satisfaction qui, en lui-même, ne cause aucun plaisir. Car il ne peut y avoir plaisir que là où il y a désir : et un désir satisfait… disparaît.

De la logique paradoxale du désir découle, selon Schopenhauer, que le bonheur est absolument inaccessible à l’homme. Non pas parce que ses désirs seraient impossibles à satisfaire ; mais parce que l’homme ne prend conscience de ses désirs que lorsqu’ils ne sont pas satisfaits. Si le bonheur est l’état de satisfaction de tous les désirs, il est par excellence l’état dont on ne se rend pas compte ! Bref : le bonheur est par nature ce qui n’est plus, ou pas encore.

C’est le paradoxe du désir :Tant que le désir est insatisfait, j’en suis conscient, j’en souffre, l’absence de l’objet cause un sentiment de frustration. Mais dès qu’il est satisfait, le désir disparaît. Par conséquent, il ne peut y avoir de plaisir que dans le bref instant où la sensation de manque disparait, ou la frustration est en train de disparaître ; mais dès que la satisfaction est effectuée, je ne peux plus jouir de la satisfaction de mes désirs, puisque je ne suis même plus conscient de désirer quelque chose. On pourrait donc dire du désir qu’il vise un état de satisfaction qui, en lui-même, ne cause aucun plaisir. Car il ne peut y avoir plaisir que là où il y a désir : et un désir satisfait… disparaît.

Sigmund FREUD (1856 –  1939 )

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Sigmund Freud    est un médecin neurologue *juif autrichien, pionnier de la psychanalyse.   Avec Aristote et Descartes, l’homme était un être de raison, mais avec ses théories sur l’inconscient, Freud montre que l’homme «n’est pas maitre en sa propre maison». Cette découverte aura un retentissement dans de nombreux domaines de pensée. 

Ce qu’on nomme bonheur, au sens le plus strict, résulte d’une satisfaction plutôt soudaine des besoins ayant atteint une haute tension, et n’est possible de par sa nature que sous forme de phénomène épisodique. Toute persistance d’une situation qu’a fait désirer le principe de plaisir* n’engendre qu’un bien-être assez tiède ; nous sommes ainsi faits que seul le contraste est capable de nous dispenser une jouissance intense, alors que l’état en lui-même ne nous en procure que très peu. Ainsi nos facultés de bonheur sont déjà limitées par notre constitution. Or, il nous est beaucoup moins difficile de faire l’expérience du malheur. La souffrance nous menace de trois côtés : dans notre propre corps qui, destiné à la déchéance et à la dissolution, ne peut même se passer de ces signaux d’alarme que constituent la douleur et l’angoisse ; du côté du monde extérieur, lequel dispose de forces invincibles et inexorables pour s’acharner contre nous et nous anéantir ; la troisième menace enfin provient de nos rapports avec les autres êtres humains. La souffrance issue de cette source nous est plus dure peut-être que tout autre ; nous sommes enclins à la considérer comme un accessoire en quelque sorte superflu, bien qu’elle n’appartienne pas moins à notre sort et soit aussi inévitable que celle dont l’origine est autre.

Sigmund FREUD, Le Malaise dans la culture (1930) 

L’inconscient freudien

Il y a en moi, dit J.Lacan « un chapitre censuré de mon histoire » . ce qui revient à dire que j’ignore une partie de ce qui me fait agir. Pour la psychanalyse, il existe un inconscient* qui influence, à notre insu, nos pensées conscientes et nos actes. Le « moi » ne peut alors se comprendre lui-même et selon l’expression de Freud, il « (le moi) n’est pas maître dans sa propre maison ».   

À partir de 1923, (deuxième topique) Freud définit trois instances qui régissent nos comportements .

Le « ça » (L’inconscient) “C’est la partie la plus obscure, la plus impénétrable de notre personnalité. [Lieu de] Chaos, marmite pleine d’émotions bouillonnantes. Il s’emplit d’énergie, à partir des pulsions, mais sans témoigner d’aucune organisation, d’aucune volonté générale; il tend seulement à satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Le ça ne connaît et ne supporte pas la contradiction. On y trouve aucun signe d’écoulement du temps” S. Freud Il s’agit donc de ce qu’on appelle communément l’inconscient (il ne faut pas confondre avec l’inconscience).

Nous ignorons ce qui se passe dans notre inconscient. C’est l’espace du « refoulé ». C’est à lui que nous devons nos lapsus, nos rêves , nos actes manqués, nos phobies… Freud considère le rêve comme la manifestation de cet inconscient qui nous envoie des informations sous des formes déguisées et qu’il faut interpréter. On peut « sublimer » ces pulsions venues de l’inconscient notamment par la création artistique.

Le Surmoi correspond aux interdits sociaux, parentaux … Aux tabous… Bref ! A tout ce qui n’est pas socialement correct en fonction de l’éducation qu’on a reçue et de la société dans laquelle on vit. Le moi : Le moi correspond au conscient. “Le moi a pour mission d’être le représentant de ce monde aux yeux du ça et pour le plus grand bien de ce dernier. En effet, le moi, sans le ça, aspirant aveuglément aux satisfactions instinctuelles, viendrait imprudemment se briser contre cette force extérieure plus puissante que lui. Le moi détrône le principe de plaisir, qui, dans le ça, domine de la façon la plus absolue. Il l’a remplacé par le principe de réalité plus propre à assurer sécurité et réussite.” S. Freud

Le moi assure la stabilité du sujet, en l’empêchant au quotidien de libérer ses pulsions.

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III. Le bonheur : un art de ne pas souffrir ?

1. Horace et le carpe diem

Le vrai sens du carpe diem

Ne cherche pas – savoir est interdit – pour moi, pour toi, quelle fin les dieux ont ordonnée, Leuconoé, ni ne te risque aux calculs babyloniens. Mieux vaut prendre les choses comme elles viendront. Que Jupiter t’ait accordé de plus nombreux hivers ou que celui-ci soit le dernier, qui épuise à l’assaut de ces rochers usés la merTyrrhénienne, avec sagesse, filtre ton vin, taille à la mesure de l’instant la durée de ton espérance. Nous parlons et voici jaloux le temps a fui. Cueille chaque jour, ne fais pas crédit à demain.  

Horace, Odes I ,1

2. L’EPICURISME

( 341 av. JC – 270 av JC)

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A partir de – 310 : Epicure commence à enseigner sa propre doctrine philosophique, d’abord à Mytilène puis à Lampsaque. Puis il retourne à Athènes et  fonde son Ecole, le Jardin.    Le Jardin, est une enclave retirée de la cité où il avait installé sa communauté en 306 avJ.C. Epicure lui-même professe et pratique un hédonisme* ascétique*. Sa nourriture se limite à un peu de pain et d’eau, tout juste «un petit pot de fromage» pour faire «bombance». On est loin de l’image des «pourceaux» d’Epicure présentés par les détracteurs comme des oisifs aux appétits gargantuesques ! Dans la Lettre à Ménécée , Epicure fait du plaisir «le souverain bien», Mais, il reconnaît d’emblée que ce ne sont pas les «beuveries continuelles» qui rendent la vie heureuse, ni les «plaisirs des débauchés, ni ceux qui consistent dans les jouissances matérielles». Mais au contraire «une raison vigilante qui cherche minutieusement les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut éviter». Pour celui que ses ennemis accusèrent de n avoir pas quitté sa litière par flemme quand il demeurait torturé par une dysenterie, le plus grand plaisir réside dans l’absence de troubles de l’âme et du corps: l’ataraxie, cette quiétude souveraine visée par toutes les morales antiques.

Le bonheur selon Epicure

Epicure construit un système plaçant au-dessus de tout l’art de ne pas souffrir. Ici, il n’est pas question de jugement moral. L’épicurisme ne condamne pas. Chacun est libre de s’autoriser à l’occasion quelques extras. Mais certains plaisirs, on le sait, se paient de beaucoup de chagrins. Dès lors, un précautionneux calcul des peines et des plaisirs s’impose.  

Il y a 4 principales causes du trouble de l’âme, : la crainte des dieux, la crainte de la mort, la crainte de la douleur, l’excès (les désirs illimités)  Mais il existe aussi des remèdes , c’est le tétrapharmakon 

Ne pas craindre les dieux, qui vivent dans des mondes séparés du nôtre, et ne s’occupent pas des affaires des hommes. Pour Epicure, il n’existe que les atomes et le vide. Et tous les êtres ne sont que des composés d’atomes. Et c’est le hasard qui ordonne le monde et non une finalité ou une Instance supérieure. Quant aux dieux, ils sont la plus parfaite combinaison d’atomes. (Mais ils sont néanmoins immortels et bienheureux. Ce qui peut paraitre paradoxal.)

Ne pas craindre la douleur : par notre volonté, on peut la limiter ; si elle est trop forte, on peut l’endurer ou bien on en meurt, mais il faut à tout prix tâcher de l’éviter.

Ne pas vivre dans l’excès : le bonheur terrestre est possible ; les sens permettent de l’atteindre mais l’excès devient un mal. Il faut donc vivre dans la simplicité, dans la tempérance (c’est l’adage : « Nihil nimis » : rien de trop )

Il faut donc nous libérer des innombrables faux besoins. Tout désir n’est pas à satisfaire. Pour le sage du Jardin, ils sont de trois sortes:

Pourquoi ne faut-il pas redouter la mort ?

Pour Épicure, la mort n’est rien puisqu’il ne peut y avoir quelque chose que si nous pouvons être conscients de ce quelque chose. En avoir la sensation. Et puisque le monde est fait d’atomes et que la mort c’est la désunion des atomes qui se dispersent, il n’est alors plus de conscience. La mort n’est rien puisqu’il n’y a plus rien pour saisir quelque chose ! Il est donc inutile de craindre la mort. Et il faut se concentrer sur le présent de la vie.

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Epicure, Texte 1

Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels, les autres vains, et que parmi les premiers il y en a qui sont nécessaires et d’autres qui sont naturels, seulement. Parmi les nécessaires il y en a qui le sont pour le bonheur, d’autres pour la tranquillité continue du corps, d’autres enfin pour la vie même. Une théorie non erronée de ces désirs sait en effet rapporter toute préférence et toute aversion à la santé du corps et à la tranquillité de l’âme, puisque c’est la perfection même de la vie heureuse. Car tous les actes visent à écarter de nous la souffrance et la peur. Lorsqu’une fois nous y sommes parvenus, la tempête de l’âme s’apaise, l’être vivant n’ayant plus besoin de s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni de chercher autre chose pour parfaire le bien de l’âme et celui du corps. C’est alors en effet que nous éprouvons le besoin du plaisir quand, par suite de son absence, nous éprouvons de la douleur ; mais quand nous ne souffrons pas, nous n’éprouvons plus le besoin du plaisir. Et c’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. C’est lui en effet que nous avons reconnu comme bien principal et conforme à notre nature, c’est de lui que nous partons pour déterminer ce qu’il faut choisir et ce qu’il faut éviter, et c’est à lui que nous avons finalement recours lorsque nous nous servons de la sensation comme d’une règle pour apprécier tout bien qui s’offre. 

Epicure, Lettre à Ménécée

Epicure, texte 2

Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité.(…) Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre. De même que ce n’est pas toujours la nourriture la plus abondante que nous préférons, mais parfois la plus agréable, pareillement ce n’est pas toujours la plus longue durée qu’on vent recueillir, mais la plus agréable. Quant à ceux qui conseillent aux jeunes gens de bien vivre et aux vieillards de bien finir, leur conseil est dépourvu de sens, non seulement parce que la vie a du bon même pour le vieillard, mais parce que le soin de bien vivre et celui de bien mourir ne font qu’un.

Emission sur Epicure et l’épicurisme…

3. Le stoïcisme

EPICTETE (50-130)

Une vie de nouba perpétuelle contre une existence de fakir masochiste… Voilà, à peu de choses près, la caricature qui colle à la peau des deux plus grandes écoles rivales de la pensée grecque, apparues à Athènes(…). Epicurisme contre stoïcisme, philosophie du plaisir contre philosophie de la vertu.  partant de principes si opposés, le sage épicurien ne menait pas une vie si éloignée de celle de l’austère stoïcien. (source Nouvel Observateur)

 Stoïcien (philosophes du Portique, le stoa)  Pour les stoïciens, le sage est celui qui met en conformité ses actions avec l’ordre de la nature. Le stoïcisme vise lui aussi l’ataraxie mais par la vertu et la raison. 

A partir de – 310 : Epicure commence à enseigner sa propre doctrine philosophique, d’abord à Mytilène puis à Lampsaque. Puis il retourne à Athènes et  fonde son Ecole, le Jardin.  

 Au Jardin, cette enclave retirée de la cité où il avait installé sa communauté en 306 avant Jésus-Christ, Epicure lui-même professe et pratique un hédonisme [1] ascétique . Sa nourriture se limite à un peu de pain et d’eau, tout juste «un petit pot de fromage» pour faire «bombance». Et quand il ne se consacre pas à ses cours, il écrit. On est loin de l’image des «pourceaux» bâfreurs et oisifs décrits par les détracteurs du mouvement. Alors qu’en est- il du bonheur divin promis par le maître du plaisir? Une publicité mensongère?

Quand, dans la «Lettre à Ménécée» , Epicure fait du plaisir «le souverain bien», il reconnaît d’emblée que ce ne sont pas les «beuveries continuelles» qui rendent la vie heureuse, ni les «plaisirs des débauchés, ni ceux qui consistent dans les jouissances matérielles». Mais au contraire «une raison vigilante qui cherche minutieusement les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut éviter». Pour celui que ses ennemis accusèrent de n avoir pas quitté sa litière par flemme quand il demeurait torturé par une dysenterie, le plus grand plaisir réside dans l’absence de troubles de l’âme et du corps: l’ataraxie , cette quiétude souveraine visée par toutes les morales antiques.

Texte 1 Epictète

Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos oeuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos oeuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave ; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves*, facilement empêchées, propres à autrui. Rappelle-toi donc ceci : si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres à toi-même les choses propres à autrui, tu connaîtras l’entrave, l’affliction, le trouble, tu accuseras dieux et hommes ;mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre à autrui ce qui est, de fait, propre à autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne t’empêchera, tu n’adresseras à personne accusation ni reproche, ni ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira ; tu n’auras pas d’ennemi ; car tu ne souffriras aucun dommage.  Toi donc qui poursuis de si grands biens, rappelle-toi qu’il faut, pour les saisir, te remuer sans compter, renoncer complètement à certaines choses, et en différer d’autres pour le moment. Si, à ces biens, tu veux joindre la puissance et la richesse, tu risques d’abord de manquer même celles-ci, pour avoir poursuivi ceux-là, et de toute façon tu manqueras assurément les biens qui seuls procurent liberté et bonheur. Aussi, à propos de toute idée pénible, prends soin de dire aussitôt : « Tu es une idée, et non pas exactement ce que tu représentes. » Ensuite, examine-la, éprouve-la, examine-la selon les règles que tu possèdes, et surtout selon la première, à savoir : concerne-t-elle les choses qui dépendent de nous ou celles qui ne dépendent pas de nous ? Et si elle concerne l’une des choses qui ne dépendent pas de nous, que la réponse soit prête : « Voilà qui n’est rien pour moi. »

Épictète, Manuel I 

Presque…tout savoir sur le stoïcisme grâce à Roger Paul Roux…

Roger Pol Roux- Article le Point | 05/08/2010

Selon eux, rien n’entame le bonheur du sage. Maladie, pauvreté, exil, prison… pas un malheur ne l’affecte. Mais de quel bonheur s’agit-il au juste ? Et quelle leçon en tirer aujourd’hui ? Le taureau de Phalaris. Un tyran, un supplice et un paradoxe ouvrent le chemin. Le tyran se nomme Phalaris. Il règne par la terreur et l’assassinat, comme il se doit, et passe pour singulièrement dépravé- on lui attribue une attirance pour le cannibalisme. Cette réputation fait que, dans l’Antiquité, le nom de cet homme, qui régna sur Agrigente au VIe siècle avant notre ère, devint synonyme de cruauté extrême.

Pour plaire à Phalaris, un sculpteur eut une idée de supplice artistique. Il fabriqua un vaste taureau d’airain, aux naseaux garnis de flûtes. Quand le tyran voudra se débarrasser d’un adversaire, il suffira d’introduire ce malheureux dans le taureau et d’allumer le feu sous la statue. Le gêneur meurt atrocement mais, en hurlant, fait résonner harmonieusement les flûtes. Pour les Anciens, le taureau de Phalaris a symbolisé l’horreur absolue : souffrance sans échappatoire, mort honteuse dans l’obscurité et les suffocations, sous les rires d’un maître sanguinaire. Pourtant, voilà qu’on nous dit que, même dans cette situation de malheur extrême, le sage stoïcien serait heureux ! Bon nombre de textes grecs et latins jusqu’à Cicéron reprennent en effet cette affirmation difficile à croire pour l’homme occidental contemporain. Voilà donc le paradoxe à examiner : Dans l’agonie la plus effroyable et la plus injuste, comment demeurer inaltérablement serein et souverainement heureux ? Même en faisant sa part à l’exagération, il faut interroger cet exemple. Etre heureux quoi qu’il advienne, est-ce concevable ? Par quels moyens ? Quel genre de bonheur est-ce là ? A ces questions, les stoïciens ont répondu, en paroles et en actes, cinq siècles durant. Ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. En effet, c’est vers 300 avant notre ère que Zénon de Citium commence à enseigner cette doctrine nouvelle. Il réunit ses premiers disciples, sur l’agora d’Athènes, sous le Portique peint ou Poecile (Stoa Poikilè) – le nom va leur rester : les gens du Portique, stoikoï, les stoïciens. Phénicien d’origine, Zénon est arrivé jeune dans la capitale de la philosophie. Sa cargaison de pourpre s’étant abîmée en mer, il est ruiné mais s’intéresse à la sagesse. Aucun des cours qu’il suit ne le satisfait . C’est pourquoi il finit par fonder sa propre école, destinée à changer de vie plutôt qu’à discourir. Le succès du stoïcisme commence : «  Il enseigne la faim et trouve des disciples “, souligne une comédie de l’époque. Quelques siècles plus tard, quand l’empereur Marc Aurèle meurt sur les bords du Danube, en 180 de notre ère, le stoïcisme est une doctrine au faîte de sa gloire. Elle rassemble les meilleurs esprits de Rome, influence d’innombrables œuvres.  (…) La manière la plus simple  d’’aborder la morale stoïcienne est fournie par Epictète. Ancien esclave, cet homme austère enseigne, vers le début du IIe siècle de notre ère, les moyens d’atteindre le bonheur dans un monde hostile.

Leçon 1 : discerner clairement entre les faits et nos représentations. L’essentiel ne se joue pas dans les circonstances, mais dans ce que nous en pensons. J’ai un accident, je suis blessé, il m’en restera des séquelles – voilà des faits, je n’y peux rien. En revanche, vivre cette épreuve comme une catastrophe déprimante ou comme un défi stimulant, pour Epictète, cela ne dépend que de moi. Règle d’or de ce stoïcisme : distinguer entre ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Notre volonté, nos pensées, nos représentations et nos jugements sont en notre pouvoir. Pourquoi ? Parce que nous sommes, par nature, des êtres doués de raison : la raison en nous commande si rien ne l’entrave. Nous sommes donc radicalement libres, au sens où rien au monde ne peut faire plier notre volonté ni manipuler notre pensée. Impossible de faire que nous voulions ce que nous ne voulons pas. La volonté pensante est une forteresse. Le tyran peut toujours menacer, emprisonner, torturer, exécuter ; jamais il n’aura le pouvoir de faire que je ne pense pas ce que je pense. Ce que je veux, juge et décide ne dépend que de moi. Ce principe directeur interne est notre ” citadelle intérieure “. Imprenable et invincible. Reste à savoir comment elle peut nous préserver du malheur, et si cela suffit à être heureux. Au début du ” Manuel ” d’Epictète, la liste des choses qui ” ne dépendent pas de nous ” peut surprendre : le corps, la richesse, la réputation, le pouvoir. Il semble évident que nous ne sommes pas dépourvus d’action dans ces domaines. Ne faisons-nous pas ce que nous pouvons pour être en bonne santé ? Pour améliorer nos revenus, pour éviter la misère ? Du coup, on peut avoir du mal à comprendre que tout cela ne dépende pas de nous. En fait, jamais les stoïciens ne nient l’existence de ces actions ni ne conseillent de les abandonner. Ce qu’ils soutiennent est plus subtil. Quels que soient nos efforts pour être prospère, le résultat n’est jamais garanti. Par définition, nous ne maîtrisons pas le hasard : malgré nos soins, peuvent nous tomber dessus maladie, misère, calomnie, disgrâce. Le bonheur ne peut donc être assuré par aucune circonstance extérieure – qu’elle soit corporelle, financière ou sociale. Nous ne contrôlons absolument que notre volonté pensante. C’est donc elle seule qui doit pouvoir nous permettre d’être heureux, dans toutes les situations, même les pires. Ainsi, quoi que le sort lui réserve, le sage stoïcien va pouvoir demeurer inaccessible au malheur. Il peut être, comme dit Epictète,” malade et heureux, en danger et heureux, mourant et heureux, exilé et heureux, méprisé et heureux “. Le contresens : imaginer le stoïcien masochiste. Croire que la souffrance le rend heureux serait une complète erreur. En fait, la douleur lui est aussi indifférente que                    le plaisir : dans ce domaine, rien ne l’atteint, car tout ce qui est hors de notre pouvoir lui paraît indifférent. Mais il n’entre aucune volonté de mortification dans cette stratégie de séparation radicale entre circonstances et jugements. Les stoïciens parviennent même à combiner l'” indifférent ” et le ” préférable “. Sauf cas particulier, rechercher la maladie, la misère ou l’humiliation est insensé. Santé, richesse, pouvoir sont donc préférables. Mais, d’un autre côté, ce sont aussi des choses indifférentes, car leur perte aux yeux des stoïciens est sans conséquences : ces éléments extérieurs ne conditionnent pas leur bonheur. Citadelle intérieure. Protégé des fluctuations du hasard, blindé contre les coups du sort et les revers de fortune, voilà donc notre stoïcien… stoïque – impassible et indestructible. Mais heureux ? En quel sens ? Pour l’entrevoir, il reste à faire un autre chemin. Car le sage ne s’est pas seulement soustrait au malheur, mais de manière positive il veut le bien, pratique la vertu, aime la totalité du cosmos et vit selon la nature. Pour lui, ce ne sont pas là des activités distinctes, mais une seule et même façon de conduire son existence – en l’occurrence, celle qui rend heureux. Assurément, ce bonheur du sage est loin de ce que nous nommons communément par ce terme. Dans la conception usuelle, il entre toujours une part de plaisir et une part d’aléatoire – qui rend à nos yeux le bonheur toujours fragile, exposé, destructible. Aristote, dans l'” Ethique à Nicomaque “, est plus proche de cette vision commune que les stoïciens : un homme heureux se reconnaît selon lui à une certaine combinaison d’honnêteté, d’aisance matérielle et de reconnaissance sociale. C’est seulement après sa mort qu’on pourra dire que sa vie a été heureuse car, tant qu’il vit, un cataclysme peut tout remettre en question, transformer en naufrage cette existence réussie. Aux yeux d’Aristote, si la vertu est bien une condition nécessaire du bonheur, elle n’est pas suffisante. Au contraire, aux yeux des stoïciens, la vertu suffit entièrement à être heureux. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Le coup de génie de Zénon de Citium fut de faire fusionner la raison, la nature et le bien. C’est une seule et même chose, pour un stoïcien, de vivre selon la raison et la nature. Le sage, en désirant le bien, ne veut rien d’extérieur au monde, rien même de différent de ce qui est. Il ne veut pas autre chose que l’ordre du monde tel qu’il est, dans sa cohérence profonde et son harmonie intelligente. Car, à la base du stoïcisme, se tient la conviction que le cosmos est ordonné, que tout s’y enchaîne et qu’il appartient à chacun d’y jouer sa partition. La vertu n’est rien d’autre, et elle émane de nos instincts, si nous savons les comprendre. Nous nous trompons donc si nous imaginons que la ” vertu ” consiste à suivre un idéal, un modèle hors du monde, une valeur transcendante. Ce n’est pas du tout ce que les stoïciens ont en tête. La vertu, finalement, n’est pour eux rien d’autre que la vie, conduite selon cette vue exacte que la raison nous permet d’avoir de la nature et de nous-même. Si la vertu procure le bonheur, ce n’est donc pas comme conséquence d’un moralisme. Le bonheur n’est pas la récompense du vertueux, un supplément résultant de sa bonne conduite. Pour les stoïciens, il est rigoureusement identique à la vie sage et ne s’en distingue pas. Ce n’est donc pas un bonheur simplement négatif. L’accent mis sur l’absence de troubles (l’ataraxie) et l’absence de passions (l’apathie) risque de faire oublier qu’il ne s’agit pas seulement de se soustraire au malheur. Le stoïcien est heureux parce qu’il ne fait qu’un avec l’ordre du cosmos. Le malheur des hommes : ne pas se servir de leur raison, se tromper de bien, poursuivre des chimères en les croyant réelles. Le bonheur du sage : ne vouloir que le bien, comprendre l’ordre du monde et la place de chacun, acquiescer au destin. La citadelle intérieure n’est donc pas seulement un refuge. C’est un lien avec le monde et les autres. Ce n’est pas par hasard que les stoïciens ont insisté sur le cosmopolitisme, l’égalité des hommes, la dignité des esclaves et la participation du sage aux affaires de la Cité. L’entente et la coopération appartiennent à l’ordre de la nature – il convient de les restaurer chaque fois que les égarements de la civilisation viennent les perturber et menacent de les détruire.

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LE STOICISME ET L’EPICURISME : Similitudes et différences : Le but de ces deux philosophies est le bonheur, la sérénité, la tranquillité de l’âme.

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4. Nietzsche : « Amor fati » et éternel retour

« Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur… non seulement la lumière mais aussi l’obscurité ». F. Nietzsche

Nietzsche et l’Amor fati

  «Ma formule pour la grandeur de l’homme est amor fati : que l’on ne veuille rien avoir différemment, ni par le passé, ni par le futur, de toute éternité. I l ne faut pas seulement supporter le nécessaire, encore moins se le cacher – tout idéalisme est mensonge face à la nécessité –, il faut aussi l’aimer…»

Nietzsche in Ecce Homo

Nietzsche et l’éternel retour

La pensée de Nietzsche

L’idée de l’éternel retour est l’idée que ce monde plein de mal et d’absurdité reviendra éternellement.

Cette idée réconcilie devenir et éternité , et surtout elle permet de mesurer la force d’un esprit  : le véritable immoraliste, le véritable philo sophe sera celui qui est capable de supporter cette pensée, de vouloir l’éternel retour.

La contemplation joyeuse du monde cruel et tragique culmine dans la pensée de l’éternel retour. Il s’agit de penser le monde non pas sous l’espèce de l’éternité, mais sous l’espèce du devenir éternel.

C’est aussi nous pousser à vivre chaque instant de notre vie avec l’idée suivante : accepterais-je de le revivre ? A –t-il été assez fort pour cela ? Amor fati … Et donc à regarder notre présent autrement.

Texte de Nietzsche

Admettons que nous soyons destinés à revivre éternellement ce que nous vivons aujourd’hui: que penserions-nous de cette perspective? De notre réponse dépendra  notre présent. « Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait: «Cette vie, telle que tu la vis et l’a vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque  plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. Un éternel sablier de l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des  poussières! » – Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le démon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vécu une fois un instant formidable où tu lui répondrais: « Tu es un dieu et jamais je n’entendis rien de plus divin!» Si cette pensée s’emparait de toi, elle te métamorphoserait, toi, tel que tu es, et, peut-être, t’écraserait; la question, posée à  propos de tout et de chaque chose, «veux-tu ceci encore une fois et encore d’innombrables fois?» ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd! Ou combien te faudrait-il aimer et toi-même et la vie pour ne plus aspirer à rien d’autre qu’à donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et éternel ?

  Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir (1882-1887), § 341 

Luc Ferry sur l’éternel retour

Une interview fictive de l’auteur de Zarathoustra

Entretien (presque) authentique avec Friedrich  Nietzsche

Le bonheur est comme est une femme. Si vous le poursuivez, il s’enfuit; si vous l’ignorez, il accourt.

Friedrich Nietzsche (Röcken 1844, Weimar 1900) a notamment publié «Humain, trop humain», «le Gai Savoir», «Ainsi parlait Zarathoustra» et «Par-delà le bien et le mal». Contre les valeurs de l’idéalisme platonicien et chrétien, il s’est attaché à comprendre les conditions de l’élévation de l’homme.  

Le Nouvel Observateur . – Fuir la douleur est le mot d’ordre de toute la philosophie antique, comme celui de votre ancien maître Schopenhauer. Partagez-vous cette idée?

Friedrich Nietzsche. – Non. Pourquoi rejeter absolument de notre existence le malheur, les terreurs, les privations, les minuits de l’âme? Il y a une « nécessité personnelle du malheur» et ceux qui veulent nous en préserver ne font pas nécessairement notre bonheur. Et si le plaisir et le déplaisir étaient même si étroitement liés que quiconque veut avoir autant que possible de l’un doit aussi avoir autant que possible de l’autre? Car le bonheur et le malheur sont des frères jumeaux qui grandissent ensemble . Demandez-vous si un arbre qui est censé atteindre une noble hauteur peut se dispenser de mauvais temps et de tempêtes. Pour qu’il y ait la joie éternelle de la création, il faut aussi qu’il y ait les douleurs de l’enfantement. Toutes les vies sont difficiles; ce qui rend certaines d’entre elles également réussies, c’est la façon dont les souffrances ont été affrontées .

N. O. – Les stoïciens invitaient eux aussi à «tenir bon» face aux coups durs de l’existence. F. Nietzsche. – C’est très différent. Le stoïcisme proposait un genre de vie pétrifié. Pour ma part, je parle d’intensifier le sentiment d’existence, en apprenant à en connaître tous les aspects, même les plus terrifiants.

N. O. – L’homme du XXIe siècle semble davantage aspirer à la sécurité et au bien-être. F. Nietzsche. – Ah, la religion du bien-être! Voilà l’idéologie du troupeau. Les hommes disent: nous avons inventé le bonheur; ils en ont fait une valeur universelle, mais quel est leur bonheur? Une aspiration servile au repos. L’homme moderne a renoncé à toute grandeur et n’aspire plus qu’à vivre confortablement, le plus longtemps possible. Il est semblable à un puceron hédoniste, il a en aversion le danger et la maladie. Il poursuit un bonheur mesquin et étriqué. La société de consommation l’asservit aux petits plaisirs. Il voue un culte aux loisirs. Mais si l’on flatte de façon aussi éhontée la propension naturelle à la paresse, c’est dans le dessein non avoué d’affaiblir la volonté, de la rendre incapable d’une application durable. Il s’agit d’anesthésier la vie plutôt que de la vivre. Aussi ne faut-il pas s’étonner si la plupart des hommes d’aujourd’hui se liquéfient face à la plus infime épreuve.

N. O. – Quel est votre définition du bonheur?

F. Nietzsche. – Le sentiment que la puissance grandit, qu’une résistance est surmontée . L’homme qui est incapable de s’asseoir au seuil de l’instant en oubliant tous les événements passés et à venir, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce qu’est un bonheur et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres.

  

N. O. – Quels conseils prodigueriez-vous aux hommes en quête de félicité? F. Nietzsche. – A l’individu qui recherche son bonheur, il ne faut donner aucun précepte sur le chemin à suivre, car le bonheur individuel jaillit selon ses lois propres, inconnues de tous, il ne peut qu’être entravé par des préceptes venus du dehors. Le vrai secret du bonheur, c’est qu’on ne peut l’atteindre qu’en cessant de le chercher. Il est comme est une femme. Si vous le poursuivez, il s’enfuit; si vous l’ignorez, il accourt (sourire). Au fond, l’important, ce n’est pas le bonheur, qui n’est qu’une idée, mais la vie réelle que nous avons à expérimenter. Amor fati, aime ton destin . C’est ma formule du bonheur. Le philosophe ne doit pas cacher la nature tragique du monde, il doit l’enseigner au contraire, et la seule manière de nous libérer, c’est d’aimer ce qui nous advient. Il faut briser les anciennes tables de la Loi, nous dégager des valeurs chrétiennes mortifères, penser par-delà le bien et le mal. Nous devons être les poètes de notre existence, inventer notre vie, la vivre! La vraie sagesse, ce n’est pas de rechercher le bonheur, c’est d’aimer la vie, heureuse ou malheureuse

N. O. – Vous-même avez beaucoup souffert, physiquement et affectivement – votre histoire d’amour douloureuse avec Lou Andreas-Salomé est légendaire. N’avez-vous jamais désespéré de la vie?

F. Nietzsche.- Jamais! Même dans les moments où j’ai été gravement malade, je ne suis pas devenu morbide. La vie ne m’a pas déçu! Année après année, je la trouvais au contraire plus vraie, plus désirable et plus mystérieuse. Pour moi, elle est un monde de danger et de victoire dans lequel les sentiments héroïques aussi ont leurs lieux où danser et s’ébattre. Avec ce principe au coeur, on peut non seulement vivre courageusement, mais même gaiement vivre et gaiement rire! Et qui donc s’entendrait à bien rire et à bien vivre s’il ne s’entendait d’abord à guerroyer et à vaincre?

Propos (presque) recueillis par Marie Lemonnier

  Source: «le Nouvel Observateur» du 24 décembre 2008. 

IV. Le bonheur par la construction de soi

Henri BERGSON (1859-1941)

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  Né à Paris, dans une famille juive. Après des études brillantes, agrégé de philosophie, Bergson devient professeur. En 1869, il publie Essai sur les données immédiates de la conscience, puis entre au Collège de France après la parution de son ouvrage Matière et Mémoire (1896) C’est la consécration. Il devient le plus célèbre philosophe français. Reçu à l’Académie Française, il obtient ensuite le prix Nobel de littérature en 1928. Il écrit son dernier livre, Les Deux Sources de la Morale et de la Religion (1932) . En 1937 il avait écrit: “Mes réflexions m’ont amené de plus en plus près du catholicisme où je vois l’achèvement le plus complet du judaïsme. Je me serai converti, si je n’avais vu se préparer depuis des années la formidable vague d’antisémitisme qui va déferler sur le monde. J’ai voulu rester parmi ceux qui seront demain des persécutés».

Texte: La création de soi par soi

« L’effort est pénible, mais il est aussi précieux, plus précieux encore que l’œuvre où il aboutit, parce que, grâce à lui, on a tiré de soi plus qu’il n’y avait, on s’est haussé au-dessus de soi-même. (…) Les philosophes qui ont spéculé sur la signification de la vie et sur la destinée de l’homme n’ont pas assez remarqué que la nature a pris la peine de nous renseigner là-dessus elle-même. Elle nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir n’est qu’un artifice imaginé par la nature pour obtenir de l’être vivant la conservation de la vie ; il n’indique pas la direction où la vie est lancée. Mais la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie . La mère qui regarde son enfant est joyeuse, parce qu’elle a conscience de l’avoir créé, physiquement et moralement. Le commerçant qui développe ses affaires, le chef d’usine qui voit prospérer son industrie, est-il joyeux en —raison de l’argent qu’il gagne et de la notoriété qu’il acquiert ? Richesse et considération entrent évidemment pour beaucoup dans la satisfaction qu’il ressent, mais elles lui apportent des plaisirs plutôt que de la joie, et ce qu’il goûte de joie vraie est le sentiment d’avoir monté une entreprise qui marche, d’avoir appelé quelque chose à la vie. Prenez des joies exceptionnelles, celle de l’artiste qui a réalisé sa pensée, celle du savant qui a découvert ou inventé. Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et qu’ils tirent leurs joies les plus vives de l’admiration qu’ils inspirent. Erreur profonde ! On tient à l’éloge et aux honneurs dans l’exacte mesure où l’on n’est pas sûr d’avoir réussi.

[…]  Si donc, dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la création, ne devons-nous pas supposer que la vie humaine a sa raison d’être dans une création qui peut, à la différence de celle de l’artiste et du savant, se poursuivre à tout moment chez tous les hommes : la création de soi par soi , l’agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde ? »

Bergson, L’Énergie spirituelle , « La conscience et la vie »

5. Bonheur et Etat font-ils bon ménage ?

TOCQUEVILLE

Alexis -Henri-Charles Clérel, (vicomte de Tocqueville),   (1805-1859 )

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Penseur politique, homme politique, historien et écrivain français. Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l’évolution des démocraties occidentales en général.  

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre? (…)

 Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir a l’ombre même de la souveraineté du peuple.

 Tocqueville, vol II. (1840)   

Robert MISRAHI
La société actuelle est-elle propice au bonheur ?
Jusqu’où la poitique peut-elle aller pour assurer le bien être des citoyens ?  

Conseils de philosophes pour accéder au bonheur...

Robert Misrahi et la jouissance de vivre…

Robert Misrahi, le bonheur est une action
Vivre : la psychologie du bonheur,  Mihaly Csikszentmihalyi

Théorie selon laquelle les individus sont les plus heureux lorsqu’ils sont dans un état de  flow , un état de concentration ou d’absorption complète dans une activité.

Dès les années 70, Csikszentmihalyi (1975) a voulu identifier les conditions qui pouvaient caractériser les moments que les gens décrivaient parmi les meilleurs de leur vie. Il a interrogé des alpinistes, des joueurs d’échec, des compositeurs de musique et d’autres personnes qui consacraient beaucoup de temps et d’énergie à des activités pour le simple plaisir de les faire sans recherche de gratifications conventionnelles comme l’argent ou la reconnaissance sociale.

Les résultats de ces recherches lui ont permis de définir le concept de l’expérience optimale qu’il appelle « flow » (Csikszentmihalyi, 1990) qui réfère à l’état subjectif de se sentir bien (Csikszentmihalyi & Patton, 1997).

Pour Csikszentmihalyi, le bonheur se définit par l’«expérience optimale».

Mihaly Csikszentmihalyi donne les conditions de l’«expérience optimale». «L’engagement dans une tâche précise (un défi) qui fournit une rétroaction immédiate, qui exige des aptitudes appropriées, un contrôle sur ses actions et une concentration intense ne laissant aucune place aux distractions ni aux préoccupations à propos de soi et qui s’accompagne (généralement d’une perception altérée du temps constitue une expérience optimale (une expérience flot)» ou flow. Il ajoute: «Comme conséquence (meilleure performance, créativité, développement des capacités, estime de soi et réduction du stress). Bref, elle contribue à la croissance personnelle, apporte un grand enchantement et améliore la qualité de la vie.» (Csikszentmihalyi, p.77)

Le psychologue américain Mihaly Csikszentmihalyi a observé des artistes peintres pour tenter de comprendre leur “motivation intrinsèque”. Ils ne cherchaient pas de gratification extérieure, le plaisir de peindre leur suffisait, les comblait. Il s’est donc tourné vers d’autres passionnés – joueurs d’échecs, grimpeurs de haute montagne et chirurgiens – et tous lui ont avoué que l’activité en elle-même constituait leur véritable plaisir. Tous se disent “transportés”, “portés par un flux” lors de ces activités. (…) Des enquêtes ont révélé que ce genre d'”expérience optimale” se produit plus souvent au travail que lors des loisirs.

Le « flow » selon  Mihaly Csikszentmihalyi

QUIZZ SUR LE BONHEUR

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Voici une série de sujets sur le bonheur

1. “La chasse au bonheur” : cette expression vous paraît-elle judicieuse ?

   2. “Tout homme qui ne voudrait que vivre, vivrait heureux”. Que signifie et que vaut cette affirmation ?

   3. Est-ce un devoir de rechercher le bonheur ?

   4. Est-il vrai qu’il n’y a pas de bonheur intelligent ?

   6. Faut-il choisir entre être heureux et être libre ?

   7. Faut-il rechercher le bonheur ?

   8. Faut-il s’abstenir de penser pour être heureux ?

   9. Faut-il vouloir être heureux ?

  10. La beauté est-elle une promesse de bonheur ?

  12. La recherche du bonheur est-elle nécessairement immorale ?

  13. La recherche du bonheur est-elle une affaire privée ?

  14. La recherche du bonheur peut-elle être un esclavage ?

  17. Le bonheur est-il affaire de politique ?

  18. Le bonheur est-il inaccessible à l’homme ?

  19. Le bonheur est-il le bien suprême ?

  20. Le bonheur est-il le but de la politique ?

  21. Le bonheur est-il un droit ?

  22. Le bonheur n’est-il qu’illusion ?

  25. Pensez-vous que “c’est l’illusion et non le savoir qui rend heureux” ?

  26. Peut-on en même temps prétendre à une vie morale et rechercher le bonheur ?

  27. Peut-on être heureux dans la solitude ?

  28. Peut-on être heureux sans être libre ?

  29. Peut-on parler de bonheur d’une communauté ?

  30. Qu’est-ce qu’une vie heureuse ?

  31. Un homme libre est-il nécessairement heureux ?

Fiches de révision et synthèses  en téléchargement

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Réussir l’accroche de votre dissertation de philosophie

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L’objectif de l’accroche en philosophie est d’introduire non seulement le sujet, mais surtout le problème que pose le sujet. Une mauvaise façon de commencer une introduction est sans doute de commencer par une liste de définitions des termes du sujet.

Commencer à définir les termes du sujet est évidemment nécessaire dans l’introduction. Néanmoins il est beaucoup plus habile et intéressant d’utiliser ces définitions pour justifier des réponses possibles au sujet. Je vous renvoie sur cette question à la vidéo où j’ai expliqué comment analyser le sujet et formuler la problématique dans l’introduction de votre dissertation. Le lien apparaît en haut à droite. Par ailleurs si vous voulez une méthode complète pour réussir votre dissertation, vous pouvez réclamer ma méthode en suivant le lien ci-dessous dans la description.

Ceci étant dit : Une autre erreur courante consiste à faire une accroche qui introduit la notion générale du sujet mais pas ce sujet en particulier. Par exemple, si vous avez un sujet tel que « Le bonheur dépend-il de nous ? », si vous faites une accroche qui parle simplement du bonheur ou qui définit le bonheur sans répondre au sujet précisément alors vous n’introduisez pas vraiment ce sujet mais la notion de bonheur en général.

Pour que votre accroche introduise vraiment le sujet qui vous est donné, il faut qu’elle permette d’entrevoir une première réponse au sujet . Si on prend le sujet « le bonheur dépend il de nous ? »,  votre accroche peut consister en un exemple qui vous permet de faire une première hypothèse. Par exemple que le bonheur dépend de nous.

C’est encore mieux si après cette première réponse rapide vous pouvez commencer à montrer le problème et en émettant un doute sur cette première réponse. Par exemple en posant une question qui suggère que la thèse adverse pourrait également être défendue.

Deux manières différentes de faire une bonne accroche pour votre introduction de philosophie.

Une 1er façon : consiste à Utiliser une citation : Il est déconseillé d’utiliser des auteurs dans l’introduction car l’introduction est plutôt le moment où vous devez définir les termes et montrer le problème du sujet de manière générale. Néanmoins, il y a une exception à cette règle, vous pouvez utiliser un auteur en accroche en le citant puis en expliquant la citation afin de montrer comment elle pourrait répondre au sujet.

Cette façon de faire est la plus difficile car il est assez rare surtout quand le programme est très varié d’avoir exactement la citation qui va coller au sujet. Cela implique d’avoir appris des citations par coeur et le risque va être de vouloir absolument utiliser une des citations connues même si elle ne correspond pas exactement au sujet. Il est donc préférable de vraiment s’assurer que votre citation peut être une réponse au sujet et si tel n’est pas le cas, envisagez plutôt d’utiliser un exemple. Commencer son devoir par une citation hors sujet est plutôt contreproductif.

Pour que cela soit bien clair, je vais vous donner un exemple d’accroche avec une citation sur le sujet « Le bonheur dépend-il de nous ? » :

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses ». Epictète,stoïcien né en 50 après J-C, défend ici que ce qui affecte les hommes et peut les rendre malheureux, ce ne sont finalement pas les événements eux-mêmes, mais la manière dont ils jugent ces événements. Ce faisant, il semble défendre que le bonheur est bien quelque chose qui dépend de nous, puisqu’il dépend de nos jugements. Mais peut-on réellement défendre que notre bonheur dépend seulement de nos jugements sur les événements et sur notre vie ?

L’accroche permet ici de donner une première réponse au sujet et elle introduit le problème en esquissant une objection dans un deuxième temps. A la suite de cela, vous pouvez rappeler le sujet et formuler la problématique puis énoncer votre plan.

– La 2e façon de faire une accroche consiste à Utiliser un exemple et à montrer en quoi il permet de donner une première réponse au sujet. Cet exemple peut être un exemple de la vie quotidienne mais évidement des exemples plus recherchés seront valorisés. Vous pouvez par exemple prendre des exemples littéraires si le sujet porte sur la liberté, la morale, le bonheur… ou des exemples plus politiques sur les sujets portant sur l’Etat ou la justice et le droit. Des exemples plus scientifiques seront valorisés si le sujet porte sur la Vérité ou sur les sciences.

Si on compare l’accroche citation et l’accroche exemple, l’accroche exemple est sans doute une manière plus simple de procéder, car si vous n’avez pas d’exemple il est toujours possible d’en inventer un. L’essentiel est de prendre un exemple qui vous permet de donner une première réponse au sujet puis d’envisager une objection afin de montrer que le sujet va faire débat. En d’autres termes qu’il pose un problème qu’il vous faudra discuter pendant tout votre devoir.

Pour finir je vais vous donner un Exemple d’accroche utilisant un exemple avec le sujet « La recherche du bonheur peut-elle être un devoir ? » :

Dans la tragédie Le Cid de Corneille, le personnage principal Don Rodrigue est face à un dilemme : choisir entre son devoir de sauvegarder l’honneur de sa famille et le fait de poursuivre son bonheur. Il choisit finalement de faire son devoir en tuant le père de Chimène mais renonce alors à son bonheur. Nous pouvons remarquer que dans Cette histoire, rechercher le bonheur n’est pas un devoir et même qu’au contraire faire son devoir va être plutôt un obstacle à la recherche du bonheur. Pourtant, faut-il toujours opposer la recherche du bonheur et le devoir ?

Voilà pour cette vidéo sur l’accroche j’espère qu’elle vous aidera à bien commencer votre dissertation. Pour davantage de conseils sur la méthode de la dissertation, vous pouvez en trouver sur la page Méthode de ce blog , ou en demandant mon ebook ci-dessous.

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